Des trains et des métros fréquents et à l’heure, des incidents rares et vite traités, un personnel en nombre pour informer, accompagner 4 millions d’usagers quotidiens… Les Franciliens n’ont pas reconnu leurs transports publics pendant les Jeux olympiques. A une période de dysfonctionnements multiples et récurrents alimentant le mécontentement ont miraculeusement succédé deux semaines qui ont déjoué tous les mauvais présages.
Non seulement le pari audacieux d’organiser les premiers JO totalement accessibles en transports en commun décarbonés, à vélo ou à pied, a été gagné, non seulement la desserte des nombreux lieux de compétition disséminés dans Paris et dans sa région a été fluide, mais la preuve a été administrée de la capacité du réseau et de ses agents à assurer, grâce à des efforts programmés et à des moyens adaptés, des déplacements rapides, fiables et même agréables. Mieux encore, les Jeux de Paris ont donné le spectacle réjouissant d’une grande ville largement libérée, un temps, de l’emprise et des nuisances de la circulation automobile.
L’« exploit » dont se targue Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, chargée des transports, est si patent, si rare aussi, qu’il est impératif d’en tirer les leçons afin que cette « parenthèse enchantée » des JO de Paris ne vienne pas grossir le rayon des éphémères moments de grâce. Les millions d’usagers quotidiens des transports franciliens ont le droit de bénéficier du même traitement dans les transports que les spectateurs des Jeux.
Des recrutements pérennisés
Certes, l’héritage de « Paris 2024 » en matière de transports est important : outre le prolongement des lignes 14 du métro et E du RER, les Jeux ont été l’occasion de combler la pénurie de conducteurs post-Covid – des recrutements pérennisés –, d’améliorer la sécurité grâce à une meilleure coordination entre services de police et d’accélérer les procédures en cas d’incident. Quant au personnel, incité par des primes, il a fait la preuve d’une capacité de mobilisation remarquable, qui s’est notamment traduite par la disparition de l’absentéisme. Sans oublier la formidable vitrine pour un secteur exportateur que représente le sans-faute des transports publics français pendant les JO.
Mais les travaux interrompus vont reprendre dès le 12 août, accaparant des personnes affectées à la maintenance, et donc à la régularité, pendant les Jeux, les primes vont cesser et les « gilets violets » se disperser. La formidable réussite dont les élus vont se targuer n’a été possible que parce que des moyens exceptionnels ont été déployés. Et parce que, même avec le public des JO, le réseau reste moins sollicité l’été.
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Marcelle, agente de quai au gilet violet qui fluidifie les transports
Or, ces deux semaines de bus, métro et trains pratiques et ponctuels ne peuvent pas rester sans lendemain. Le prochain gouvernement doit confirmer et amplifier les investissements de l’État dans les transports publics. La promesse faite en février 2023 par la première ministre d’alors, Elisabeth Borne, de consacrer 100 milliards d’euros au ferroviaire d’ici à 2040, doit être réactivée, de même que le plan de multiplication des RER métropolitains ; l’accessibilité du métro parisien « d’ici à dix ans » aux personnes porteuses de handicap, que fait miroiter Mme Pécresse, doit être financée.
Les transports publics, symbole tangible du respect des pouvoirs publics pour les citoyens, constituent un sujet politique majeur. Les JO ont démontré la possibilité de réconcilier les Français avec eux. Tout doit être fait pour prolonger ce cercle vertueux et doter la France de transports de classe olympique.