La vie est de plus en plus chère un peu partout dans le monde et la Suisse n’est pas épargnée, même si elle s’en tire à bon compte. Invité dimanche dans le 19h30, le Surveillant des prix Stefan Meierhans déplore un manque de volonté politique pour lutter contre certains phénomènes évitables.
L’inflation, principalement tirée par les prix des carburants, a légèrement fléchi au mois d’octobre, pour s’établir à +3% sur un an. L’indice des prix à la consommation (IPC) est quant à lui resté stable (+4,6% par rapport à décembre 2020, la période de référence) en octobre par rapport à septembre, des « tendances opposées » s’étant compensées, selon l’Office fédéral de la statistique.
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La hausse générale des prix est principalement due aux coûts de l’énergie. Le prix du gaz est en hausse de 67,9% sur un an, le mazout de 57% et l’essence de 12,3%. L’alimentation, qui pèse très directement sur le budget des ménages, est en hausse de 4,2%.
A cela s’ajoute l’augmentation annoncée des primes maladie pour 2023, de 6,6% en moyenne avec de grandes disparités selon les régions.
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Enquêtes en cours
Responsable de la surveillance des prix pour la Confédération, Stefan Meierhans confirme avoir reçu plus de 1800 interpellations depuis janvier. « Les gens ont un peu peur de l’année prochaine, de ce qu’il va leur arriver avec l’énergie et les caisses maladie. C’est ce que je ressens le plus », explique-t-il dimanche dans le 19h30.
La mission de « Monsieur Prix » est de lutter contre les renchérissements injustifiés, notamment en observant les marges prélevées sur les produit. Stefan Meierhans surveille ainsi les prix de l’énergie, des transports, de la santé ou encore des télécommunications depuis 14 ans.
« On sort d’une pandémie mondiale, il y a une guerre en Europe, alors évidemment ça a un effet sur les coûts. Mais il y a quand même quelques domaines où on peut se poser des questions, par exemple dans les énergies fossiles et l’alimentation », expose le surveillant fédéral.
« Quelques enquêtes sont en cours, on va vérifier ce qui est justifié et ce qui ne l’est pas », annonce-t-il. Il fait notamment état d’une enquête focalisée sur les marges dans le domaine du bio, qui doit sortir à la fin de l’année. « On est en discussion constante avec les détaillants », souligne-t-il. « Il y a beaucoup de gens vraiment en détresse, et je pense qu’ils ont aussi une certaine responsabilité pour notre société. »
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Résistances et lobbying
Stefan Meierhans déplore par ailleurs quelques « soucis de transparence avec quelques compagnies » dans le domaine de l’essence. « On va essayer de contourner le problème, mais c’est dommage. »
Concernant spécifiquement les primes maladie, s’il revendique quelques succès, le Saint-Gallois rappelle qu’il est nécessaire d’apporter une réponse politique. « Par exemple, sur le prix des médicaments génériques en Suisse, on pourrait épargner environ 400 millions par année », dit-il. Il dénonce cependant une résistance très forte de l’industrie pharmaceutique, en particulier par le biais du lobbying au Conseil national.
Il estime enfin qu’il faut cibler les aides accordées aux ménages « en se concentrant sur ceux qui sont les plus touchés ». « Ce sera une discussion lors de la session d’hiver et le Parlement aura le dernier mot », notamment en matière de subsides.
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« Monsieur Prix » rappelle toutefois que l’inflation est générale en Europe ou aux Etats-Unis. « D’autre pays ont une inflation autour de 10%, nous on est à 3%. Je veux pas minimiser ce problème, mais comparé aux autres, on a quand même de la chance et il faut veiller à ce que ça reste comme ça! »
Propos recueillis par Jennifer Covo
Texte web: Pierrik Jordan