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Suisse romandeConnecter les arbres pour les soigner et prévenir les chutes
Un appareil est développé par l’Hepia pour opérer un suivi de la santé des arbres via une app. Un système prometteur.
Éviter les chutes d’arbres, repérer leurs besoins et prolonger leur durée de vie en milieu urbain. C’est ce que vise un projet d’arbres connectés, développé par l’Hepia (Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève) et une entreprise paysagiste vaudoise, cofinancé par Innosuisse.
Depuis 2019, elles ont mis au point un dispositif de suivi aux résultats «très prometteurs», qui permet de surveiller la santé des arbres en direct et en continu avec un boîtier muni de capteurs relié à une app. Ainsi, avec un simple smartphone et à distance, il sera possible de mesurer la vitalité et la stabilité de l’arbre. «Sachant qu’à terme un système d’alerte permettra de prévenir en cas de chute imminente», indique le professeur Eric Amos, responsable du groupe Technique et paysage et coordinateur du projet.
Grands et vieux arbres
Et c’est bien tout l’intérêt de ce «kit embarqué», en particulier pour les collectivités. «On cherche à densifier l’arborisation urbaine pour tous les services qu’elle apporte à l’écosystème, pose le scientifique. Les grands et vieux arbres sont très efficaces, mais ce sont aussi ceux qui présentent le plus de risques. Ils peuvent être source d’accidents, parfois mortels même s’il y en a peu. Sans compter tous les dégâts matériels qu’une chute peut engendrer.»
Si un diagnostic «à l’œil», en observant le tronc, les branches ou les feuilles, peut être trompeur quant au réel état de santé d’un arbre, «cet appareillage devrait permettre de pallier ce genre d’erreur d’appréciation», poursuit le scientifique. Alors que, régulièrement, des arbres doivent être coupés en ville car ils ne sont pas bien portants, avec ce système «on peut imaginer prolonger leur durée de vie», selon Eric Amos.
«Pas besoin d’être docteur»
Cet appareillage, «très attendu», intéresse déjà de nombreuses collectivités dans les cantons de Genève, de Vaud ou du Valais. Il pourra être également employé par des entreprises paysagistes ou même des particuliers pour leur jardin. «On n’aura pas besoin d’être docteur pour l’utiliser et interpréter les signaux captés, les informations seront vulgarisées», annonce le chercheur.
Une centaine d’arbres en Suisse romande vont désormais être équipés de ces boîtiers pour la suite de la phase expérimentale, qui prendra fin en octobre 2023. Les premiers appareils devraient être mis sur le marché à l’horizon 2024.
Dispositif breveté
Le boîtier, qui n’a pas encore sa forme définitive, est simplement attaché à l’arbre. «Il n’y a aucun appareillage dans le tronc, rien d’intrusif», souligne Eric Amos. Quant au système de composants qui captent les signaux vitaux de l’arbre, il ne peut rien en dire en l’état pour des questions de confidentialité. En effet, ce projet de kit a pour vocation d’être commercialisé et, comme il est inédit en Suisse et ailleurs, un brevet a été déposé au niveau européen. Ses composants électroniques proviennent de l’étranger, tandis que l’assemblage est assuré par une société vaudoise.
Quatre chutes en ville en un an
Le Service des espaces verts de la Ville de Genève (SEVE) a participé à la phase test, en mettant à disposition un arbre pour des essais. «Ce système semble intéressant pour le SEVE, mais nous attendons les résultats, et nous évaluerons à ce moment-là la pertinence de ce dispositif pour voir si nous allons plus loin», déclare Anna Vaucher, porte-parole du Département des finances, de l’environnement et du logement. Entre juin 2021 et fin mai 2022, quatre chutes d’arbres ont été comptabilisées sur les 40’000 isolés situés sur le territoire municipal. Les intempéries en étaient la cause. Début mai, un pin centenaire avait notamment été déraciné dans le parc des Bastions. «Le travail de suivi effectué tout au long de l’année prévient la chute des arbres en mauvais état sanitaire», souligne la communicante.