Un drapeau marocain entouré de deux drapeaux français, surmontant une écharpe de l’Olympique de Marseille. Sur le cours Lieutaud, à deux pas de la Canebière, l’entrée du snack Le Mirage dit tout de la ferveur autour du football qui anime le lieu, alors que se profile la demi-finale France-Maroc, mercredi 14 décembre.
A l’intérieur, des ballons rouge et vert pendent du plafond. « Mercredi, dans tous les cas, je serai gagnant. Je suis né en France et ma famille vient du Maroc », se réjouit Issam Mokhtatif, sourire aux lèvres, 27 ans, l’un des fils du propriétaire.
Samedi 10 décembre, sur le coup de 18 heures, il a baissé le rideau pendant une heure pour aller fêter, avec 3 600 autres personnes, selon la préfecture, l’incroyable qualification marocaine face au Portugal. « J’ai acheté des feux d’artifice, des sirènes et des drapeaux… Une heure après, j’étais de retour pour rouvrir et mettre les drapeaux français », raconte-t-il, hilare.
Pour l’affrontement de mercredi, il a refait son stock d’engins pyrotechniques. « La pression monte. Je reçois des appels pour réserver des tables devant les télés comme si j’étais un restaurant », poursuit-il. « On est pour les deux équipes », assure aussi Abdel Mahil, 43 ans, venu acheter un sandwich. Sa famille est de Casablanca, il est né à Marseille. Le temps de régler son kebab-frites, il se ravise : « J’aimerais bien que le Maroc gagne, quand même… Parce que cela serait la première équipe africaine en finale. »
La demi-finale qui oppose la France au Maroc, mercredi 14 décembre, ne peut être un match comme les autres. Selon les données de l’Insee, quelque 835 000 personnes originaires du Maroc vivent en France. C’est la deuxième communauté immigrée dans le pays derrière les Algériens et devant les Portugais.
« Joie incommensurable »
A Marseille, le centre-ville vit intensément le parcours des Lions de l’Atlas, mais on est encore loin des scènes de liesse de la victoire algérienne à la Coupe d’Afrique des nations 2019. « Il y a eu un message du roi [du Maroc] pour dire qu’il fallait que les supporteurs se tiennent bien », croit savoir Issam.
Samedi sur le Vieux-Port, cinq personnes ont été interpellées, la plupart pour des rodéos à deux-roues. « Sur les réseaux sociaux, on me parle de débordements, mais il ne se passe rien. Les gens sont heureux, ils font la fête », se félicite la chroniqueuse marseillaise des « Grandes Gueules » sur RMC Kaouther Ben Mohamed, qui croise quotidiennement le fer sur Twitter à ce sujet.
Depuis trois jours, elle cherche désespérément un maillot du Maroc. Introuvable. « Je veux faire la moitié de l’émission de mardi en le portant et l’autre moitié avec le maillot de la France », explique-t-elle. D’origine tunisienne, elle assure « être doublement représentée dans cette demi-finale ». « Toute la France devrait le vivre comme ça parce qu’elle a une histoire commune avec le Maroc et que cette équipe doit aussi beaucoup à la formation française. L’entraîneur est un gars de banlieue ! », poursuit-elle.
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