in

« Sensiblement, les pays européens, et notamment les plus pauvres, glissent dans l’économie de guerre »

« Sensiblement, les pays européens, et notamment les plus pauvres, glissent dans l’économie de guerre »



Le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, se consacre actuellement à un nouveau combat : réarmer l’Europe. Il parcourt ainsi le continent à la recherche d’obus alors que l’Ukraine en consomme en masse, près de 5 000 par jour, et en demande encore plus. Actuellement, les usines allemandes, françaises ou espagnoles ne peuvent pas produire suffisamment pour répondre à cette demande.

Le 20 mars dernier, l’Union européenne a adopté un plan qui prévoit de puiser dans les réserves militaires et d’aider les industriels à monter en cadence. Si cela ne suffit pas, l’UE devrait se résoudre à acheter en dehors de l’Europe, ce que le commissaire européen souhaite éviter. Tout comme avec les masques et le Doliprane, la priorité est désormais à l’autonomie stratégique. Le besoin de munitions devrait malheureusement durer plus longtemps que les besoins liés à la crise sanitaire en cours.

Le monde entier sort les fusils, notamment en Europe. Le rapport publié par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm dimanche 23 avril fait état d’un nouveau record sur le front des armes. Les gouvernements de la planète, qui s’inquiètent pour la préservation du climat et de la biodiversité, s’approvisionnent en armes à un rythme effréné. En 2022, les dépenses ont connu une croissance inédite de 2 240 milliards de dollars (2 040 milliards d’euros), soit 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. Les États-Unis sont de loin les premiers en termes de dépenses (39 % du total), précédés par la Chine (13 %), la Russie (3,9 %), l’Inde et l’Arabie Saoudite.

Cependant, les plus grosses progressions dans ce domaine viennent de la vieille Europe. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, l’est du continent se réarme rapidement. Les plus gros dépensiers, dans l’ordre, restent le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France. Cependant, en terme de frais engagés proportionnellement à leur richesse, mesurée par le PIB, la Grèce consacre 3,76 % de son PIB à la défense, la Pologne 2,42 %, tandis que les pays baltes, la Croatie ou la Slovaquie sont tous au-delà de la recommandation de l’OTAN de 2 %. À titre de comparaison, la France est à 1,9 % et l’Allemagne à 1,4 %.

La Pologne est le pays le plus ambitieux dans ce domaine. Depuis que la guerre est à ses frontières, elle multiplie les contrats. Selon le Financial Times, les dépenses devraient s’élever à 4 % de son PIB en 2023. Elle a ainsi passé une commande de 10 milliards de dollars pour acheter 500 lance-roquettes Himars à l’américain Lockheed Martin. Elle disposera alors sur son territoire de plus d’exemplaires de ces engins qu’il n’en existe sur le sol américain.

Il est important de noter que les dépenses en armes ont des conséquences sur la planète et la biodiversité. Il est donc crucial que les pays fassent preuve de retenue, mais il est également fondamental que chaque État ait les moyens de défendre son territoire. C’est pour cette raison que l’autonomie stratégique de l’Europe est si importante.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

« En France, faire des évaluations de politiques publiques n’est pas une obligation généralisée, encore moins une habitude »

« En France, faire des évaluations de politiques publiques n’est pas une obligation généralisée, encore moins une habitude »

deux offres pour sauver le distributeur, l’une avec Intermarché et Teract, l’autre initiée par Kretinsky

deux offres pour sauver le distributeur, l’une avec Intermarché et Teract, l’autre initiée par Kretinsky