TikTok au centre d’une nouvelle bataille judiciaire aux États-Unis. Todd Rokita, procureur républicain de l’État de l’Indiana, poursuit le réseau social chinois devant la justice. Deux plaintes ont été déposées, selon le Wall Street Journal, qui relaie l’information. La première affirme que TikTok induit en erreur ses utilisateurs sur l’utilisation de leurs données personnelles, la seconde porte sur l’exposition de jeunes publics à des contenus destinés aux adultes.
Des contenus choquants proposés aux ados
D’après l’État de l’Indiana, ces plaintes contre la plateforme détenue par ByteDance sont les premières du genre. Todd Rokita fustige plus précisément le fonctionnement de l’algorithme de recommandation. Ce dernier mettrait en avant des contenus choquants, non destinés aux jeunes adolescents. « TikTok expose activement nos enfants à la consommation de drogues, à l’abus d’alcool, à des blasphèmes et à des contenus sexuellement explicites à un jeune âge« , dénonce le procureur. Les parents seraient ainsi trompés par l’application, qui est officiellement recommandée sur les stores d’Apple et de Google aux utilisateurs âgés de 12 ans et plus.
La plainte évoque notamment la mise en avant de vidéos relatives aux drogues hallucinogènes ou à la manière de donner à l’alcool le goût de bonbon. Des clips évoquant des « fantasmes de bondage et de viol » auraient également été exposés à des publics non appropriés.
Des données personnelles envoyées en Chine ?
La deuxième plainte se cristallise autour de la question, très sensible outre-Atlantique, des données envoyées à la maison mère ByteDance en Chine. Le drainage de ces informations par l’empire du Milieu préoccupe depuis plusieurs années les autorités américaines. Le risque d’une surveillance de masse par Pékin est en outre jugé probable par de nombreux experts américains. Les responsables chinois pourraient également « manipuler le contenu et, s’ils le souhaitent, l’utiliser pour des opérations d’influence« , s’inquiétait en début de semaine Chris Wray, directeur du FBI.
Les deux plaintes déposées par le procureur de l’État de l’Indiana ont pour but d’obtenir des changements en profondeur dans le fonctionnement de l’application. Des sanctions civiles à l’encontre de TikTok pourraient aussi être prononcées. Cette judiciarisation de la polémique autour de TikTok outre-Atlantique intervient après l’interdiction, dans plusieurs États américains, de l’application sur les téléphones professionnels.
Dernière restriction en date, mercredi 7 décembre, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a banni TikTok des appareils fournis par l’administration. « Cette interdiction de TikTok s’étend à tous les téléphones portables, ordinateurs portables, tablettes, ordinateurs de bureau et autres appareils capables de se connecter à Internet, et elle doit être strictement appliquée« , s’est-il justifié.
TikTok tente d’éteindre l’incendie
Interrogé au sujet des deux plaintes, TikTok n’a pas souhaité s’exprimer sur le fond de l’affaire. « La sûreté, la confidentialité et la sécurité de notre communauté sont notre priorité absolue. Nous intégrons le bien-être des jeunes dans nos politiques, nous limitons les fonctionnalités en fonction de l’âge, nous donnons aux parents des outils et des ressources et nous continuons à investir dans de nouvelles façons de profiter du contenu en fonction de l’âge ou du confort familial« , a tenté de rassurer le réseau social chinois.
La plateforme n’a pas manqué de dénoncer les interdictions de son application dans plusieurs États. Et de riposter : « Nous pensons que les préoccupations qui motivent ces décisions sont largement alimentées par des informations erronées sur notre société. »
Une saga techno-diplomatique qui semble seulement sur le point de débuter. Plusieurs députés et sénateurs américains menacent désormais le réseau social d’une interdiction pure et simple à l’échelle nationale. Des audiences sur le sujet pourraient être organisées en 2023 devant la Chambre des représentants.