La cimenterie McInnis, qui fait face à une menace d’ordonnance du ministère de l’Environnement pour la forcer à cesser de rejeter des poussières et contaminants dans l’atmosphère, a demandé et obtenu un délai supplémentaire.
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L’entreprise St-Marys qui exploite la cimenterie de Port-Daniel-Gascon en Gaspésie avait jusqu’au 15 juillet pour soumettre ses commentaires à Québec pour tenter de le dissuader d’utiliser une ordonnance qui la forcerait à respecter la loi.
La cimenterie, qui est le plus grand pollueur du Québec, émet des poussières collantes depuis l’été 2020. Le Ministère a identifié une dizaine de bris d’équipement ayant causé ces rejets de poussières. Il a aussi reçu 80 signalements et 11 plaintes notamment de résidents voisins. Il a envoyé à l’usine 5 avis de non-conformité en plus d’ouvrir une enquête.
Or comme le problème persiste, Québec a émis un préavis d’ordonnance le 30 juin 2022 et la cimenterie avait jusqu’au 15 juillet pour soumettre ses arguments.
Jusqu’au 8 août
«Le 6 juillet 2022, l’entreprise a demandé au MELCC des documents pour bien comprendre les faits invoqués dans [le préavis d’ordonnance]. Elle a aussi demandé au Ministère de lui laisser jusqu’au 8 août 2022 pour soumettre ses observations. Après analyse des arguments soumis par l’entreprise, le Ministère a acquiescé à cette demande», nous confirme le Ministère.
«C’est loufoque que l’entreprise demande des documents comme s’ils avaient besoin de savoir de quoi il est question, comme s’ils ne le savaient pas eux-mêmes à l’interne», a réagi le porte-parole d’Environnement Vert Plus, Pascal Bergeron, qui suit le dossier de près.
Ciment St-Marys a pourtant déclaré par communiqué il y a une dizaine de jours qu’elle travaillait en «étroite collaboration» avec le Ministère et qu’elle avait identifié diverses sources de poussières et que les mesures de mitigations devaient être améliorées de façon «significative». Elle a d’ailleurs prévu 40 millions $ pour des améliorations opérationnelles et environnementales, précise le communiqué.
«Le préavis d’ordonnance est très clair sur les faits. Ils ont besoin de quoi de plus?, poursuit M. Bergeron. Je ne comprends pas pourquoi ils font cette demande. Ça m’apparaît complètement farfelu. Est-ce que l’ancienne direction n’a pas passé l’info à la nouvelle direction? Il y a plusieurs questions et cette demande est difficilement explicable.»
Ciment St Marys, qui appartient au géant brésilien Votorantim Cimento, précise avoir commencé à participer activement à la gestion de l’usine après la conclusion d’une transaction le 30 avril 2021.
M. Bergeron dit toutefois comprendre que le Ministère doive prendre le temps d’analyser le dossier avant d’émettre l’ordonnance étant donné les conséquences que cela peut impliquer. «On voit généralement que le délai entre le préavis et l’ordonnance varie parfois d’un mois à un an, des fois ça peut prendre vraiment beaucoup de temps, mais on espère que ça ira rapidement.»
Si l’ordonnance est appliquée, la cimenterie McInnis devra notamment arrêter de rejeter des contaminants au-delà des normes, accorder un contrat à un expert indépendant pour faire une évaluation des équipements d’épuration d’air, soumettre un plan de contrôle des poussières et des contaminants atmosphériques en plus de fournir une attestation indépendante confirmant que les travaux pour le contrôle des contaminants sont conformes.
La cimenterie affirme avoir demandé un délai supplémentaire afin de fournir «une réponse complète et conforme», représentant les améliorations apportées et les travaux en cours, et rappelle être en «contact étroit» avec le Ministère.