La filiale publicitaire de Dailymotion communique sur ses engagements en faveur de l’environnement. Elle se dit engagée pour accompagner une industrie de la publicité en ligne en pleine transition. Logique pour la plateforme de streaming de vouloir verdir son image, alors que le coût environnemental du numérique est au centre des préoccupations — peut-etre même un peu trop par rapport à d’autres secteurs plus polluants épargnés par le législateur et les polémiques. Problème, ces engagements ont de forts relents de greenwashing, et sont énoncés à un moment où la publicité dans son ensemble est pointée du doigt par les écologistes.
Premier point, Dailymotion Advertising dit viser la neutralité carbone en 2023. Un objectif non contraignant mais louable sur le papier. Ainsi, en s’associant à Impact+, un spécialiste du « coût carbone« , l’entreprise souhaite disposer des « estimations et bilans de consommation carbone des différents plans médias instream » d’ici à la fin de l’année. Un chiffrage à partir duquel elle pourra lancer ses politques environnementales, afin d’atteindre la sacro-sainte « neutralité carbone ».
On comprend donc qu’il s’agira essentiellement de compensation des émissions, et donc d’investissements dans des « bons carbone » obtenus auprès d’organismes qui sont ensuite chargés de planter des arbres ou de défendre des écosystèmes capteurs de CO2. Un système hautement contestable qui permet aux entreprises de se dédouaner et qui a déjà maintes fois montré ses limites, victime d’abus en tous genres et non viable à l’échelle planétaire.
La pub consomme la planète
Le deuxième point, a priori plus intéressant, concerne le lancement d’une offre dite « DailyGreen » visant à soutenir des messages publicitaires responsables, en respectant les critères de l’Ademe. « L’objectif ? Démontrer que la publicité a un rôle majeur et vertueux à jouer dans un contexte d’urgence climatique, tout en garantissant une transparence totale auprès des consommateurs », écrit Dailymotion Advertising. Sauf que l’on est en droit d’en douter, à un moment où des propositions de loi affluent pour encadrer (voire interdire) certains types de publicité afin de lutter, notamment, contre la surconsommation qui est pourvoyeuse de pollution, de destruction des écosystèmes et d’émissions de gaz à effet de serre.
D’ailleurs, l’agence de transition écologique elle-même résume : « Le contrôle de la publicité repose sur des dispositifs d’autorégulation, c’est-à-dire sur un engagement moral des professionnels à respecter des codes d’autodiscipline ». Et dans un rapport utilisé par l’Ademe, on peut lire : « La publicité commerciale, moteur de la surconsommation et de la crise climatique ». Avec une formule choc : « La pub consomme la planète ». Y sont notamment pointées du doigt les publicités pour les produits des secteurs les plus néfastes pour l’environnement, tels que l’habillement, le transport aérien, l’automobile ou les fast-food. La Convention citoyenne pour le climat avait, pour rappel, proposé d’interdire les publicités pour les SUV.
« Alors que le numérique est à l’origine de plus de 3,5 % des émissions de gaz à effet de serre, nous nous devons d’endosser un rôle d’entreprise responsable. Nous sommes fiers d’en être un catalyseur et d’accompagner nos clients, que ce soient les agences ou les annonceurs, dans cette nouvelle transition écologique », promet enfin Elisabeth Lozito, Directrice Sales Marketing France chez Dailymotion Advertising.
Un vœu pieu, alors que les précédentes initiatives écologiques de Dailymotion nous semblaient avoir plus de sens. Depuis 2020 et un partenariat avec Goodeed, l’entreprise a par exemple mené des campagnes dans le Scope 1 pour favoriser l’usage de datacenters alimentés en énergies renouvelables, responsabiliser sa politique d’achats ou travailler avec des prestataires certifiés par des organismes environnementaux.