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Près de 24 000 enfants dans le besoin espèrent un cadeau

Près de 24 000 enfants dans le besoin espèrent un cadeau


De plus en plus d’enfants québécois défavorisés envoient des lettres au père Noël dans l’espoir de recevoir eux aussi un présent au pied du sapin.

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« L’année dernière, on a apporté des cadeaux à près de 21 000 enfants, cette année, on s’attend à en aider 3000 de plus. On est encore loin d’aider les 180 000 enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté », soutient Thérèse Guillemette, cofondatrice d’Opération Père Noël.

Depuis 27 ans, elle et son conjoint Normand Brault, s’efforcent d’apporter de la joie à des enfants de partout au Québec.

L’initiative est née alors qu’une petite fille de 7 ans du foyer de groupe où travaille M. Brault était en crise. Au téléphone, elle lui avait expliqué qu’elle avait peur que le père Noël ne la retrouve pas, maintenant qu’elle avait quitté sa maison, se remémore Mme Guillemette.

« Je lui ai dit [à M. Brault] de lui faire écrire une lettre au père Noël et on répondra à sa demande. Finalement, on a commencé avec 29 enfants, et là, on est rendu à 24 000 », lance celle qui est surnommée Mère-Noël.

Générosité au rendez-vous


Bientôt, des milliers de cadeaux recouvriront l’espace de cet ancien supermarché de Sainte-Thérèse.

Photo Agence QMI, Thierry Laforce

Bientôt, des milliers de cadeaux recouvriront l’espace de cet ancien supermarché de Sainte-Thérèse.

Et aucun enfant ne manquera de jouets, car chaque année, le nombre de donateurs ne fait, lui aussi, qu’augmenter.

« On dirait que plus la pauvreté augmente, plus la générosité augmente. On a de gros donateurs qui prennent parfois des centaines de lettres », affirme Mme Guillemette.

Et cette année, c’est dans l’enceinte d’un ancien supermarché de Sainte-Thérèse que se trouve leur atelier où sont triées les lettres qui sont envoyées aux pères Noël et où s’accumuleront bientôt les milliers de cadeaux envoyés par les donateurs.

Lors du passage du Journal, une dizaine de lutins et lutines s’affairaient à ouvrir, à numériser et à trier les milliers de lettres d’enfants qui affluent des centres jeunesse, des organismes, des maisons pour femmes victimes de violences ou des CLSC de tous les coins de la province.


Des lutins et lutines trient et numérisent les lettres de milliers d’enfants pour les envoyer à leurs pères Noël d’un jour.

Photo Agence QMI, Thierry Laforce

Des lutins et lutines trient et numérisent les lettres de milliers d’enfants pour les envoyer à leurs pères Noël d’un jour.

Touchant

Avec l’aide de leur intervenant, les enfants de 0 à 17 ans écrivent anonymement une lettre au père Noël. Chacun a le droit d’inscrire trois cadeaux, dont le montant doit aller de 40 à 50 $.

« Certains enfants demandent un bon repas pour leur maman, d’autres veulent des jouets pour leurs frères et sœurs, et certains juste des vêtements », explique Daniel Lecavalier, père Noël et bénévole depuis plusieurs années.

Les pères Noël reçoivent la lettre d’un enfant, achètent le cadeau et le font parvenir, avec une carte, aux lutins qui s’assurent que le processus reste anonyme.

« Ça met vraiment de la magie pour les enfants qui reçoivent un cadeau du père Noël », soutient Marie-Josée Milette, une ancienne éducatrice des centres jeunesse de Montréal qui est bénévole à Opération Père Noël depuis 6 ans. 

Des petits risquent de ne pas avoir de présents

Des organismes craignent de ne pas être en mesure d’apporter un peu de bonheur à des enfants défavorisés le soir de Noël en mettant un cadeau au pied du sapin alors que la demande ne fait qu’augmenter.

« Par le passé on donnait toujours des jouets neufs aux enfants de 12 ans et moins, mais cette année, on ne sait pas si on va être capable de le faire. On va peut-être être obligé de se consacrer à certains âges », se questionne Ann St Arnaud, directrice des communications de l’organisme Jeunesse au Soleil.

Habituellement, l’organisme réussit à mettre un cadeau au pied du sapin de 4000 à 8000 enfants.

Baisse de dons

Mais, à cause de l’inflation, de la hausse du prix des matières et de la pénurie de main-d’œuvre, les entreprises ont de moins en moins de surplus de jouets, explique Mme St Arnaud. Résultat : il y a moins de dons.

« Les compagnies ne veulent pas faire de gaspillage, donc elles commandent moins, ont moins de stocks et de restants, et donc donnent moins », ajoute-t-elle.

Et la baisse de dons est aussi causée par la pandémie.

« Ça a beaucoup diminué parce qu’on avait 400 collectes dans les bureaux, mais là tout le monde travaille chez eux, des entreprises ont fermé, donc on récolte moins de jouets », regrette Mme St Arnaud.

Nourrir d’abord

Avec la hausse des prix de la nourriture, l’organisme a décidé de d’abord utiliser les dons récoltés pour mettre de la nourriture, plutôt que des jouets, sur la table des familles plus vulnérables.

« C’est vraiment dommage pour les enfants qui verront leurs camarades de classe et qui devront leur dire que le père Noël n’est pas passé chez eux », s’attriste-t-elle, en expliquant que Jeunesse au Soleil n’a pas le choix de se concentrer en priorité sur les dons de nourriture cette année.

Au Regroupement Partage, qui s’occupe des Magasins-Partage dans 20 quartiers montréalais, on voit bien que les priorités ont changé.

« Les gens doivent se nourrir, tout simplement. Les gens ont de la difficulté à subvenir à leurs besoins de base », déplore Audrey Renaud, porte-parole du Regroupement.

À Longueuil, à l’Association des Paniers de Noël de Greenfield Park, on se prépare à faire face à une hausse de demandes et on espère pouvoir répondre à tout le monde.

« On essaie de faire du mieux qu’on peut pour les jeunes avec des cadeaux flambant neufs », soutient Robert Myles, vice-président de l’organisation caritative.

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