PayPal a perdu les trois quarts de sa capitalisation boursière depuis juillet 2021. Une très lourde correction qui a métamorphosé l’action de l’entreprise cotée sur le Nasdaq, aujourd’hui valorisée à moins de 90 milliards de dollars. L’âge d’or de la fintech du paiement, propulsée par la pandémie et l’avènement des crypto-monnaies, s’est totalement essoufflé. Et rien n’indique aujourd’hui que l’avenir sera plus doux pour la société basée à San José. La concurrence, même en France avec Stancer, pèse aussi lourd que la situation macro-économique.
Dan Schulman, son PDG depuis 2015, devra certainement revoir ses plans d’ici à la publication des résultats financiers de l’année 2022. Le processus a déjà été lancé, tant PayPal a annulé un objectif qu’il s’était fixé en février 2021, à savoir de faire doubler le nombre d’utilisateurs actifs d’ici 2025, de 377 millions à plus de 750 millions. Après la folie des grandeurs, la société doit s’attendre à devoir bien plus investir pour espérer maintenir un bon rythme d’acquisition. Il n’y a qu’à constater le ralentissement sur un an :
- T3 2021 : 416 millions
- T4 2021 : 426 millions
- T1 2022 : 429 millions
- T2 2022 : 429 millions
- T3 2022 : 432 millions
Le ralentissement va se poursuivre cette fin d’année alors que PayPal ne s’attend plus à dépasser une croissance de 2 % de son rythme d’acquisition. L’entreprise vise entre 434 et 436 millions de clients. Point notoire, en plus d’un “environnement macro-économique difficile” indiquait Dan Schulman, “la saison des fêtes est imprévisible”, disait-il. Entendez par là que Black Friday, Thanksgiving, Noël ou encore le Nouvel An ne devraient pas apporter de soutien, ni au rythme d’acquisition ni aux volumes de transactions.
PayPal, comme d’autres sociétés du paiement, doit faire face à la rehausse des taux d’intérêt tout comme à l’inflation, martelée par la hausse des prix de l’énergie. Le climat avec la guerre en Ukraine n’arrange rien, alors qu’un ralentissement des achats fait effet d’une épée de Damoclès. Mais d’autres drapeaux rouges pèsent sur PayPal auprès des investisseurs.
PayPal au régime (pour maîtriser ses marges opérationnelles)
Du côté du volume de transactions, PayPal est toujours dans le vert mais le ralentissement de la croissance est déjà significatif aux yeux des investisseurs, très sévères. Après les plus de 22 % de taux de croissance au troisième trimestre 2021, PayPal doit se limiter à un taux de croissance de 15 % au troisième trimestre 2022. En termes de montant, la chute est plus radicale, à 9 % de croissance contre 22 % il y a un an. Les utilisateurs actifs ne paient plus les mêmes montants, et cela se mesure par le fait que PayPal joue à fond sur la carte des micro-transactions. Les facilités de paiement pour les gros montants sont moins populaires, en vue de la situation économique mais aussi de la concurrence féroce.
Conséquence de ces points, PayPal retient son souffle pour continuer à afficher une marge d’exploitation à la hauteur des attentes des investisseurs. Mais ce n’est pas gagné. Au dernier trimestre, PayPal a pu revendiquer 22,4 % de marge opérationnelle en évitant les investissements et en faisant attention à ses dépenses. Ce n’est peut-être pas pour rien que le rachat de Pinterest n’est plus d’actualité, lui qui avait fait tant parler et qui avait propulsé le petit réseau social en Bourse.
Pour avancer, les investissements seront pourtant nécessaires et si rien ne change dans les tendances de performance du nombre de transactions et d’acquisition client, les marges devraient continuer à baisser. L’année dernière, au troisième trimestre, PayPal revendiquait déjà un bien meilleur bilan à 23,8 % de marge opérationnelle. Nous sommes loin aussi des records de 2020, lorsque la fintech, concurrente du Square de Jack Dorsey, revendiquait 25,1 %.