La Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) a de nouveau augmenté mercredi 21 septembre ses taux, et ce n’est pas fini. Elle a décidé d’une troisième augmentation consécutive de 0,75 point de ses taux directeurs, fixant le loyer de l’argent à court terme dans une fourchette comprise entre 3 % et 3,25 %. Il s’agit du plus haut niveau depuis 2008, au début de la grande crise financière.
Lors de ses réunions de novembre et décembre, l’institution monétaire devrait, selon ses propres prévisions, resserrer encore la vis du crédit de 1,25 point. In fine, en 2023, le loyer de l’argent devrait dépasser 4,5 %. L’envolée est spectaculaire : les taux étaient encore quasi nuls en mars depuis le début de la pandémie de Covid-19. Ce probable durcissement est de 1,2 point supérieur aux prévisions de juin.
« Nous continuerons jusqu’à ce que nous soyons convaincus que le travail est fait », a mis en garde le président de la Fed, Jerome Powell. Ainsi, l’idée qu’il est possible de combattre l’inflation, qui est à son plus haut niveau depuis quarante ans, en ayant des hausses de taux mineures est-elle définitivement morte.
La Fed semble prête à prendre le risque d’une récession. « Les chances d’un atterrissage en douceur sont susceptibles de diminuer dans la mesure où la politique doit être plus restrictive. Mais un échec à rétablir la stabilité des prix entraînerait une plus grande douleur plus tard, a assuré M. Powell. Personne ne sait si ce processus conduira à une récession ou, si c’est le cas, quelle sera l’importance de cette récession. » Selon la banque centrale, la croissance devrait tomber à + 0,2 % cette année et à + 1,2 % en 2023 (contre + 1,7 % chaque année lors de son estimation de juin) tandis que le taux de chômage devrait remonter à 4,4 % de la population active en 2023 et 2024, alors qu’il est proche des plus bas historiques (3,7 %).
La Fed déterminée à combattre l’inflation
Ce durcissement de ton a deux explications. Premièrement, l’inflation est beaucoup plus incrustée dans l’économie américaine que ne l’espérait la Fed. Le chiffre du mois d’août a fait l’effet d’une douche froide : certes, la hausse des prix sur un an est retombée à 8,3 % contre un maximum de 9,1 % en juin, mais ce phénomène s’explique par la baisse du prix des carburants – le prix du gallon est retombé de 5 dollars à la mi-juin à 3,68 dollars. Ce reflux ne saurait masquer que l’alimentation continue d’augmenter tout comme le logement, premier poste de l’indice, en hausse annuelle de 6,2 %.
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