Patrick Roy ne se met pas la tête dans le sable : la saison 2022-2023 sera fort probablement sa dernière derrière le banc des Remparts de Québec. Et le plan de succession est déjà bien entamé.
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Après une période de réflexion qui lui a permis de réaliser qu’il désirait revenir pour conclure le cycle entamé avec le noyau de joueurs actuel, Roy est de retour et, à quelques heures du début officiel de leur saison, vendredi soir face aux Saguenéens de Chicoutimi, il assure avoir toujours autant de plaisir à travailler avec les jeunes.
Il ne cache pas que l’arrivée de Simon Gagné au poste d’entraîneur adjoint et conseiller au directeur général lui permet de respirer un peu mieux.
« Je suis conscient que ce sera fort probablement ma dernière saison, mais, des fois, les choses peuvent changer. L’arrivée de Simon fait en sorte qu’on peut préparer la succession, comme les Blues l’avaient fait avec Ken Hitchcock et Mike Yeo à l’époque. On a un plan en tête, mais tout dépendra de ce que Simon a le goût de faire. Au final, c’est lui qui va prendre ses décisions. »
Vie d’entraîneur
Comme les Remparts l’avaient expliqué lors de son embauche, Gagné passera la saison à travailler avec Roy afin de se familiariser avec la vie d’entraîneur-chef dans la LHJMQ, lui qui, avant de joindre l’équipe, dirigeait son fils au niveau pee-wee.
Ensuite, ce sera à lui de décider si l’aventure de la LHJMQ est faite pour lui et, si tel était le cas, un scénario où Gagné prendrait les commandes des Remparts dès la saison prochaine, avec Roy qui conserverait le poste de directeur général, serait une très forte possibilité.
« Là pour rester »
Gagné, qui assure apprécier chaque seconde de son nouvel emploi pour l’instant, ne veut pas, lui non plus, se projeter dans l’avenir trop rapidement.
« Je pense qu’en bout de ligne, c’est Patrick qui va décider. Beaucoup pensent que ce sera l’an prochain, mais c’est lui qui va décider. Il est là pour rester s’il veut. Il n’a pas caché que, tranquillement pas vite, il va délaisser le poste d’entraîneur. Ça va prendre quelqu’un pour le remplacer. De mon côté, je viens ici pour apprendre à tous les jours. Je n’embarquerai jamais dans quelque chose que je n’aime pas à 100 %. Jusqu’à présent, c’est le plan que j’ai en tête. J’apprécie ce que Patrick et Jacques m’ont offert, et on verra pour le futur. »
Chose certaine, Gagné a été rapidement mis dans le bain.
Le 10 septembre, dans un match préparatoire contre Shawinigan, il a dû prendre le contrôle du banc à main levée dès la fin de la première période après que Roy a été expulsé à cause d’un différend avec un officiel.
« J’ai aimé ça ! Ce n’était pas comme si j’avais eu toute la journée pour y penser, pour me préparer et que la nervosité était embarquée. Là, la nervosité a duré une fraction de seconde et il a fallu passer aux choses sérieuses. […] On avait notre alignement complet. En tant qu’entraîneur, tu ne veux pas te faire exploiter par l’entraîneur de l’autre côté, que tu embarques ta quatrième ligne et lui sa première et que tu as l’air fou. C’était de regarder ça. Ça vient vite, mais j’ai vraiment aimé ça. En plus, la victoire a fait du bien. »
La Coupe Memorial, l’objectif cette saison
Les Diables rouges seront en mission cette saison
Après avoir vu leurs ambitions de grandeur être freinées plus tôt qu’ils ne le prévoyaient la saison dernière, les Remparts feront à nouveau partie des favoris pour remporter les grands honneurs cette année, et Patrick Roy espère que son équipe profitera de l’expérience tirée de la saison dernière.
Roy l’a dit à plusieurs reprises et les joueurs aussi : la défaite crève-cœur contre Shawinigan en demi-finale, l’an dernier, fait encore mal.
Mais il faut maintenant tourner la page, assure l’entraîneur-chef.
« J’aime penser qu’on est en mission, mais il faut faire attention. Je me rappelle, au Colorado, lors de l’incident de Claude Lemieux contre les Red Wings de Detroit [en 1997], on avait perdu notre focus. Je ne veux pas que la série de l’an dernier nous fasse la même chose. Je veux que ça nous donne juste une bonne dose de motivation. Je sais qu’on a appris et on sait ce qu’on peut mieux faire. Il faut utiliser ça pour livrer de bonnes performances sur la patinoire et pas comme source de frustration. »
Et Roy ne parle pas seulement de ses joueurs.
« Je dois aussi garder la tête froide et je l’ai vécu comme joueur. Quand on a perdu notre focus avec l’Avalanche, ça a été des années très difficiles par la suite. Je veux vraiment me concentrer sur la nouvelle saison, ce qu’on peut amener, et mettre de côté ce qui est arrivé. On aura une très belle équipe sur la patinoire. »
Cette « belle équipe », Roy estime qu’elle offrira du hockey de qualité aux amateurs cette saison.
« Il y aura beaucoup de talent sur la patinoire, si tout le monde revient. Sur papier, on a une équipe à maturité. Ce qu’on veut, c’est continuer dans notre culture, qui consiste à être une équipe qui travaille fort chaque soir, qui est respectueuse de l’adversaire et qui joue à l’intérieur de ses valeurs.
« Notre objectif n’est pas la coupe du Président, c’est la coupe Memorial. Par contre, je ne veux pas m’en aller là tout de suite. Il sera important d’être concentré chaque jour afin de devenir meilleurs. On a déjà une très belle chimie et un groupe de joueurs qui se tient. »
Pession
Certes, les attentes seront élevées envers les Remparts cette année, qui n’ont pas caché qu’ils voulaient gagner et qui, en plus, feront l’acquisition de Justin Robidas lors de la période des Fêtes.
Une pression qui ne rend pas Patrick Roy plus nerveux.
« Ça ne me fait pas peur. Je pense que c’est pire quand tu es l’équipe hôtesse de la Coupe Memorial. Faire partie des favoris, c’est sur papier et, malheureusement, le papier ne vaut plus rien quand tu es sur la glace. Je regarde l’Océanic de Rimouski, l’an dernier, et ils sont arrivés sans complexes contre Saint-Jean en première ronde, et même contre nous, ça a été dur de les affronter. Ça se joue sur la patinoire et c’est là qu’on devra être à notre meilleur. On a beau avoir du talent sur papier, mais si on ne joue pas dans nos valeurs et notre culture, ça ne vaut rien. »