Le secteur aérien est responsable d’environ 2,5% des émissions de CO2 dans le monde, un chiffre en constante augmentation. Cela est dû à la croissance continue du trafic aérien et à l’absence de solution crédible pour décarboner le transport aérien. Face à ce défi, des questions se posent en matière de réduction du trafic aérien, d’utilisation d’avions à hydrogène ou biocarburants et de leurs impacts sur l’environnement.
Isabelle Laplace, chercheuse en économie à l’Ecole Nationale d’Aviation Civile (ENAC) à Toulouse, étudie depuis plus de dix ans la transition climatique du secteur aérien. En tant que coresponsable du pôle prospective « Durabilité, sécurité et autres enjeux sociétaux » de l’ENAC, elle travaille sur les solutions pour réduire l’impact environnemental du transport aérien.
Le trafic aérien est un sujet sensible, car il est nécessaire pour de nombreuses activités économiques, touristiques, scientifiques et humanitaires. Cependant, la croissance du trafic aérien devient de plus en plus problématique en termes d’impacts environnementaux. Selon Isabelle Laplace, il faut donc se poser la question de savoir qui prend l’avion et pour quels usages, et de trouver des alternatives viables telles que les transports en commun, la vidéoconférence, etc.
En outre, l’utilisation d’avions à hydrogène ou aux biocarburants peut sembler une solution intéressante pour réduire l’impact environnemental du secteur aérien. Cependant, Isabelle Laplace souligne que ces options ne sont pas encore viables à grande échelle. En effet, les avions à hydrogène nécessitent des infrastructures coûteuses et des technologies avancées pour stocker l’hydrogène en grande quantité. Les biocarburants pourraient être une solution, mais ils font l’objet de débats sur leur impact environnemental réel, car ils peuvent entraîner des changements dans l’utilisation des terres et des ressources en eau.
Isabelle Laplace insiste sur la nécessité de ne pas se limiter à des solutions technologiques pour décarboner le transport aérien. Elle souligne que la réduction de la demande de transport aérien est également un facteur important pour réduire les émissions de CO2, et cela peut être réalisé par des politiques telles que la taxation du carbone, la limitation des vols courts-courriers et la promotion de modes de transport alternatifs.
Dans l’ensemble, la transition climatique du secteur aérien ne peut être réalisée qu’en adoptant une approche globale et en prenant en compte tous les aspects liés à la réduction des émissions de CO2. Isabelle Laplace et son équipe continuent de travailler sur ces questions à l’ENAC, en espérant trouver des solutions viables et durables pour l’avenir du transport aérien.
En complément de cet article, vous pouvez retrouver le dossier de Guillaume Delacroix sur la course aux agrocarburants dans le secteur aérien. Vous pouvez également écouter le podcast « Chaleur humaine », un podcast hebdomadaire de réflexion et de débat sur les manières de faire face au défi climatique, produite par Adèle Ponticelli avec l’aide d’Esther Michon et réalisé par Amandine Robillard. Et n’hésitez pas à écrire à [email protected] pour partager vos avis, idées et critiques.
