Alors que les immeubles en décrépitude font les manchettes, un développeur veut rendre l’immobilier plus responsable et dénonce la vision à trop court terme qui sévit dans l’industrie.
• À lire aussi: Immeuble mal construit: la RBQ ajoute à leur cauchemar
• À lire aussi: Faudra-t-il des morts pour régler le problème de construction?
«Les 20 dernières années ont été complètement débiles […]. L’immobilier est un marathon, et dernièrement, il y a juste eu des sprints», s’exclame Hugo Girard-Beauchamp, président de Maître Carré.
Pour le développeur immobilier, il faut répondre «au besoin criant d’habitation», mais le faire de manière responsable.
Or, jusqu’à l’année passée, les taux d’intérêt très bas ne favorisaient pas un tel contexte d’après lui.
«N’importe qui était capable de faire de l’argent […]. Ce n’est pas très sain, déplore-t-il. Plein de gens achetaient des immeubles, mettent les gens dehors, font des rénovictions, transforment, maquillent et revendent. […] C’est la spéculation qui fait qu’on achète de la moins bonne qualité, que ça dure moins, qu’on recycle moins.»
«La fête est finie»
Le président de Maître Carré croit que «la fête est finie» et que la hausse des taux d’intérêt pourrait être positive pour le secteur. Elle réduirait le nombre de joueurs capables d’investir en immobilier et obligerait à conserver les immeubles plus longtemps, gage d’une plus grande qualité de construction selon lui.
L’entrepreneur qui prêche pour des constructions plus responsables a souhaité joindre la parole aux actes. Maître Carré est devenu le premier développeur immobilier résidentiel et mixte au Québec à obtenir le label B Corp, une certification mondiale en matière de responsabilité sociale, environnementale et de gouvernance.
«On est bien conscients que ce qu’on fait en immobilier a beaucoup d’impacts négatifs sur notre environnement, explique son dirigeant. […] Ça prenait des outils pour que les bottines suivent les babines, sinon on fait juste en parler.»
Influencer le marché
Par son engagement, Maître Carré espère aussi influencer le marché immobilier québécois, que son président estime encore peu engagé dans les initiatives durables.
«La responsabilité sociale et environnementale, tout le monde en parle, c’est la saveur du mois. […] Mais on ne peut pas dire que c’est appliqué, que l’industrie a embarqué dans un mouvement. Il y a peu d’actions concrètes», déplore M. Girard-Beauchamp.
Il souhaiterait une vision de plus long terme de la part du privé comme du public.
«Dès que c’est un terrain public, il devrait y avoir des critères environnementaux et sociaux plus élevés, soutient-il. Si le gouvernement ne montre pas l’exemple, qui va le faire?»