Une rencontre importante à l’hôtel Matignon et un observateur très attentif, en Chine. Mercredi 5 avril, la première ministre, Elisabeth Borne, accueille l’intersyndicale, en bloquant dans son agenda un créneau de 10 heures à 13 heures. L’instant est crucial pour l’exécutif qui tient à afficher sa volonté de renouer le dialogue avec les acteurs sociaux. Toujours aussi unis, les responsables des huit organisations de salariés viennent d’arriver ensemble, après avoir remonté la rue de Varenne à pied.
Manifestations du 6 avril contre la réforme des retraites, en direct : « Il faut tenir car le gouvernement joue la montre »
A quelque 8 000 kilomètres de là, à Pékin, où il se trouve pour un voyage d’Etat de trois jours, Emmanuel Macron suit les pourparlers en direct. Il est « on touch » – selon la phraséologie élyséenne – avec la cheffe du gouvernement et ses équipes. Mais, comme attendu, la réunion tourne court. Au bout d’à peine une heure, les protagonistes se séparent en constatant, une fois de plus, la profondeur de leurs divergences. Mme Borne tenait à aborder la suite du quinquennat, notamment les discussions préparatoires autour de la future loi relative au travail ; ses interlocuteurs, eux, voulaient, à nouveau, demander l’abandon du recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans, à la veille d’une onzième journée de mobilisation contre cette mesure.
Au cours de leur rendez-vous avec la première ministre, les représentants des huit mouvements de travailleurs s’expriment, successivement, en terminant leur propos par cette question : « Est-ce que vous allez retirer cette réforme ? » Il n’y a, bien sûr, aucune réponse positive. C’est finalement Laurent Berger qui indique que lui et les autres invités quittent la salle. Le secrétaire général de la CFDT fait cette annonce – soigneusement préparée en amont avec ses homologues –, alors que Mme Borne a la parole et marque une pause dans son intervention. « Ça s’est passé en toute civilité, il n’y a pas eu de clash », relate un des participants.