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« On touche trop peu pour le travail qu’on fait »

« On touche trop peu pour le travail qu’on fait »


Des salariés de Geodis manifestent, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), le 25  septembre 2022.

C’est un « nœud logistique » comme on dit. Coincée entre la Seine et l’Autoroute A86, au nord-est de Paris, la plate-forme Geodis de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) est un site stratégique pour ce secteur en pleine expansion. De jour comme de nuit, à flux constant, des camions y arrivent et en partent chargés de colis. Grâce à des hommes qui les déchargent et les rechargent, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Au salaire minimum (1 329,05 euros net mensuel, 1 678,95 euros brut) ou une centaine d’euros de plus, après parfois plus de quinze ans à ces postes, 87 d’entre eux se sont mis en grève, lundi 17 octobre, pour demander des augmentations de salaire, soit, selon la CGT, 90 % des caristes et manutentionnaires.

On les retrouve devant le site, mardi 25 octobre au soir, vêtus d’un gilet fluo floqué du logo Geodis, leur tenue de travail. Sur la poitrine, un code-barres semblable à celui des colis qu’ils manipulent toute la journée. « C’est pour le pointage », explique Nasser, 55 ans (tous les prénoms ont été modifiés).

« Notre entreprise génère tellement de bénéfices »

Il se libère les mains pour mieux expliquer son travail. Fait mine de manœuvrer un transpalette. « Quand le camion est à quai, je rentre dedans pour le décharger. Ici, on reçoit de tout : des animaux vivants, des matières dangereuses… Quand je suis au tri, je place les colis à la main sur le tapis mécanique, détaille-t-il. Il faut toujours aller plus vite. On n’a pas le temps de respirer. »

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Car la plate-forme est « express ». A partir du moment où le semi-remorque se positionne devant le quai, le colis doit être traité en une heure maximum, pour repartir dans un autre camion, car il ne doit pas se passer plus de douze heures entre la commande et la livraison, précise Mouloud Sahraoui, délégué syndical CGT. « C’est une activité avec beaucoup de pression, des accidents du travail, des troubles musculosquelettiques ajoute-t-il. Donc, aujourd’hui, on demande notre dû ! »

Les grévistes revendiquent 150 euros brut d’augmentation pour tous, 100 euros pour les plus bas salaires et une prime de 1 000 euros en décembre. « Notre entreprise génère tellement de bénéfices : on demande juste qu’ils partagent avec ceux qui font le sale boulot ! »

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Filiale de la SNCF, Geodis est le champion français et l’un des leaders mondiaux du transport et de la logistique. Début 2022, l’entreprise a communiqué sur ses « performances record » en 2021, mettant en avant son chiffre d’affaires de 10,9 milliards d’euros, en hausse de 33 % par rapport à 2019, comme son ebitda (bénéfices avant intérêt, impôt, dépréciation ou amortissement), à 948 millions d’euros, ou sa « très forte génération de free cash-flow », c’est-à-dire de trésorerie disponible. En septembre, dans un entretien à LaTribune.fr, Marie-Christine Lombard, présidente du directoire du groupe, se félicitait encore de l’augmentation du chiffre d’affaires comme du résultat et se montrait confiante pour 2023.

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