L’opposition a refusé, le 3 octobre, le dialogue tel que proposé par la junte, qu’elle accuse d’exercice autoritaire du pouvoir et d’atteintes « inadmissibles » aux droits fondamentaux. Le colonel Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021 et a depuis été investi président, a institué le 19 septembre dernier un « cadre de dialogue inclusif » censé associer le plus grand nombre aux affaires politiques dans la période de transition qui doit précéder le retour des civils à la tête du pays.
À Lire
Guinée : Mamadi Doumbouya, de putschiste populaire à président conspué
La junte compte se maintenir au pouvoir trois ans. Les principaux partis et une grande partie de la société civile se plaignent non seulement d’avoir été marginalisés, mais d’être en butte aux arrestations et aux restrictions des libertés.
Pressions internationales
À l’image de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ou du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, une partie de la communauté internationale s’est inquiétée de l’évolution de la situation et a pressé la junte de permettre un dialogue.
À Lire
À l’ONU, le Mali et la Guinée adoptent des stratégies opposées
Instauré quelques jours avant un sommet de la Cedeao, le « cadre de dialogue » vise donc « à dégager le consensus le plus large possible » sur la conduite de la période de transition, par exemple sur le calendrier ou sur les mesures de confiance à adopter, a expliqué le Premier ministre, Bernard Goumou, le 20 septembre. Cela n’a pas empêché la Cedeao, le 22 septembre, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations unies qui s’est tenue à New York, d’acter des mesures « graduelles », dont le détail n’a pas encore été révélé.
Détention arbitraire et exil
Plusieurs organisations ont déploré dans un communiqué « l’unilatéralisme qui a présidé à la création de ce cadre de dialogue » et sa « subordination » à la junte. Ce dialogue prévoit trois postes de « facilitateurs » nationaux, nommés par le Premier ministre, et soutenus par un « facilitateur » désigné par la Cedeao. Ce dernier fait plus office de figurant que d’acteur « capable de lever tous les obstacles, notamment les atteintes inadmissibles aux droits et libertés fondamentaux », disent les signataires du communiqué. « Les principaux leaders politiques et d’opinion font l’objet de détention arbitraire, de harcèlements judiciaires ou sont contraints à l’exil », ajoutent-ils, rappelant que les manifestations sont interdites.
Les signataires comprennent l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), une coalition de partis et d’associations, ainsi que le collectif Front national de défense de la Constitution (FNDC) et le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel), le parti du président Alpha Condé, renversé en 2021.
Avec AFP