La victoire de la CAQ n’avait jamais fait de doute, mais il était prévisible que certaines luttes passionnantes feraient qu’on allait se coucher tard.
Finalement, malgré une campagne pénible, la victoire de la CAQ est sans la moindre ambiguïté et lui donne les coudées franches.
Pour faire quoi ? Mystère et boule de gomme.
François Legault cache-t-il un grand projet qu’il voudra laisser en héritage?
Il a certes réalisé l’ambition de sa vie en devenant premier ministre, mais il faut espérer qu’il aspire à laisser un autre souvenir que celui d’avoir tenu le fort pendant la pandémie.
Dominique Anglade a passé les derniers jours de sa campagne à accuser François Legault de semer la division dès qu’il parlait – il est vrai maladroitement – d’immigration, même si les instincts du premier ministre sur le sujet rejoignent le sentiment populaire d’une majorité de francophones.
Déchirer sa chemise et crier son indignation était une stratégie du désespoir pour le PLQ.
Chassé du Québec francophone, il voulait faire le plein du vote anglophone et allophone pour sauver ses vieux bastions multiethniques de Montréal.
Après la débâcle de Philippe Couillard en 2018, je voyais mal comment le PLQ pourrait faire pire.
Mme Anglade a réussi cet «exploit» extraordinaire.
Ne cherchons pas midi à quatorze heures : le PLQ devra forcément déplaire aux anglophones s’il veut sortir de la marginalité.
Je veux bien croire qu’il demeure l’opposition officielle, mais ce parti essentiellement montréalais, l’instrument des anglophones, est devenu marginal.
L’admirable et courageuse campagne du chef péquiste partait de trop loin. Gagner une campagne ne veut pas dire gagner une élection.
Mais le pourcentage du vote recueilli est meilleur qu’anticipé. Pour PSPP, la révélation de cette campagne, le meilleur est encore à venir.
Pour un jeune parti comme QS, tout ce qui n’est pas un progrès est forcément un échec, surtout quand on lorgnait l’opposition officielle.
Au bout du compte, la complaisance des médias envers QS n’aura pas fait une grande différence.
Éric Duhaime disait dans les derniers jours que les sondages sous-estimaient les appuis au PCQ.
Pas vraiment. Une soirée assurément décevante pour lui, surtout quand un pourcentage appréciable du vote vous vaut zéro député.
Cette élection confirme que notre scène politique restera complètement éclatée, à moins qu’une crise constitutionnelle force chacun à choisir son camp.
Ce qu’il faut cependant garder en tête est que cette glaciation constitutionnelle facilite et accélère le déclin rapide du poids et de l’influence du Québec français dans le Canada.
Il est facile aussi de prévoir que le résultat d’hier soir relancera le débat autour de notre mode de scrutin.
J’ai eu une pensée émue pour tous les candidats engagés dans des luttes serrées, peu importe le parti : croyez-moi pour l’avoir vécu trois fois, quand vous savez que ce sera chaud, il n’y a rien que votre blonde ou quiconque peut faire pour vous tranquilliser, c’est terrible. Je les salue tous.