Le Tchad a prolongé samedi 1er octobre de deux ans maximum sa période de transition vers des élections, en maintenant à la tête de l’Etat le chef de la junte militaire, qui sera autorisé à briguer la présidence.
Les centaines de délégués réunis dans le cadre d’un « dialogue de réconciliation nationale », en l’absence d’une grande majorité de l’opposition et des organisations de la société civile qui le boycottent, ainsi que de deux des trois plus importants groupes armés rebelles, ont adopté ces mesures par « consensus », Mahamat Idriss Déby Itno devenant « le président de transition ».
« Il y aura un débat lundi, on attend la fin du dialogue national inclusif pour donner la position du gouvernement, mais pas maintenant pour éviter de créer la polémique pour rien », a déclaré à l’AFP Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement.
Ce dialogue national inclusif et souverain a été lancé laborieusement le 20 août, seize mois après que le jeune général de 37 ans Mahamat Idriss Déby Itno a été proclamé par l’armée président de la République au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué en se rendant au front contre les rebelles le 21 avril 2021.
A la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) de quinze généraux, il avait abrogé la Constitution, dissout le Parlement et limogé le gouvernement. Mais il avait aussitôt promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections « libres et démocratiques » après une « transition » de dix-huit mois renouvelable une fois, censée se terminer le 20 octobre. Il s’était également engagé auprès des Tchadiens et de la communauté internationale à ne pas se présenter à la future élection présidentielle.
« Dos au mur »
Quelques jours après ses promesses, il était adoubé en grande pompe aux obsèques de son père par les représentants de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE), dont la France représentée par son président Emmanuel Macron, quand elles vilipendaient et sanctionnaient ailleurs en Afrique les militaires putschistes, au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Soudan.
« L’adoption de la résolution concernant l’éligibilité du président du Conseil militaire de transition [Mahamat Déby] et la prolongation de la transition pour vingt-quatre mois aura pour conséquences sur le plan national la résistance de partis politiques, de la société civile et de l’Union africaine. L’Union européenne et les Etats-Unis n’accepteront pas que la transition soit prolongée après le 20 octobre ni l’éligibilité du PCMT. Ces partenaires prendront des sanctions contre le Tchad et le CMT sera dos au mur », prévient Evariste Ngarlem, politologue tchadien.
Dans un communiqué du 19 septembre, l’UA a demandé à la junte de respecter « la période de dix-huit mois pour l’achèvement de la transition et [rappelé] sans équivoque qu’aucun membre du Conseil militaire de transition ne pourra être candidat aux élections à la fin de la transition ». L’armée tchadienne est le principal pilier régional, au côté de l’armée française, dans la guerre contre les djihadistes au Sahel.
La communauté internationale avait toutefois demandé à Mahamat Déby de ne pas prolonger la transition au-delà de dix-huit mois pour rendre le pouvoir aux civils et de ne pas se présenter à la présidentielle ensuite. Mais le chef de la junte avait porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses, en envisageant dix-huit mois de plus « si les Tchadiens ne parviennent pas à s’entendre » et en remettant son « destin » à « Dieu » sur une éventuelle candidature.
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