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les théories derrière le sabotage

les théories derrière le sabotage



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La thèse du sabotage est hautement privilégiée pour expliquer les fuites spectaculaires des gazoducs Nord Stream. Si l’hypothèse de défaillances accidentelles simultanées semblait écartée mercredi, la méthode utilisée reste inconnue, comme l’auteur présumé, objet de multiples conjectures.

Le mystère reste presque entier. L’origine des fuites sur les gazoducs Nord Stream suscitait toujours bien des interrogations, mercredi 28 septembre, alors que la thèse du sabotage est désormais largement privilégiée.

Le service de renseignement suédois a annoncé prendre la tête d’une enquête pour « sabotage aggravé » après les explosions suspectées d’avoir provoqué les fuites sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique.


Une zone hautement surveillée

Les trois fuites identifiées depuis lundi se situent en mer Baltique, au large de l’île danoise de Bornholm, entre le sud de la Suède et la Pologne. Une zone hautement surveillée depuis des décennies.

« Dans le passé, l’URSS basait des sous-marins espions avec des capacités spéciales d’ingénierie sur les fonds marins », rappelle l’analyste naval indépendant HI Sutton sur Twitter.

Depuis, les pays Baltes sont passés du côté de l’Otan. Mais les fuites sont survenues dans les eaux territoriales internationales où chacun peut circuler.

« Aujourd’hui, la marine russe dispose de la plus grande flotte de sous-marins espions dans le monde. Ils sont basés en Arctique. Ils seraient capables de dégrader un pipeline dans la Baltique », assure HI Sutton. Mais mardi, il jugeait l’hypothèse « improbable ».

Un « acteur étatique » à la manœuvre

L’opération nécessite d’intervenir par 70 mètres de fond. « C’est du lourd. Abîmer deux gazoducs au fond de la mer est un événement important, donc un acteur étatique est probable », note Lion Hirth, professeur à la Hertie School de Berlin, écartant implicitement l’acte terroriste ou crapuleux.

Mais une armée compétente sait le faire. La zone est « parfaitement adaptée à des sous-marins de poche », explique à l’AFP un haut responsable militaire français, évoquant soit l’option de nageurs de combat envoyés pour poser des charges, soit celle de la mine mobile ou du drone sous-marin.

« Le drone part d’un sous-marin qui peut rester à plusieurs miles nautiques du point visé. Il largue son drone-mine, qui navigue à une petite dizaine de nœuds, à proximité du fond », explique-t-il. « La cible est fixe donc ce n’est pas très compliqué ».

En revanche, l’hypothèse de la torpille, utile plutôt pour une cible en mouvement, est selon lui moins plausible.

L’explosion « correspond à plusieurs centaines de kilos équivalent TNT », précise-t-il. L’institut norvégien de sismologie NORSAR, spécialisé dans la détection de tremblements de terre et d’explosions nucléaires, a estimé la deuxième détonation à 700 kilos. 

Moscou, premier suspect

Les chancelleries pointent du doigt Moscou qui, lui-même, n’exclut « aucune hypothèse » et rappelle que le gaz qui s’échappe des gazoducs lui appartient.

« La mer Baltique est confinée et peu profonde et chaque mouvement ou presque est traqué et observé par les États du littoral et leurs navires », relève Julian Pawlak, de l’université Helmut Schmidt de Hambourg. « Navires et sous-marins sont capables d’y déployer des plongeurs de combat en cachette » et autres véhicules sous-marins guidés à distance.

Mais rien n’est impossible pour une armée rompue à l’art des opérations clandestines. « Ça s’appelle une opération spéciale navale. Ce n’est pas facile mais ça se fait », résume la source militaire française. « Cela ressemble à quelque chose de bien coordonné et bien préparé ».

Il faudra peut-être du temps pour que la vérité émerge de façon crédible. Certains analystes observent à cet égard que le flou profite à beaucoup d’acteurs.

D’autres pistes envisagées  

« Reste à savoir qui a la paternité de l’opération », ajoute cette source militaire. « D’autres pays ont intérêt à ce que le ‘pipe’ ne puisse plus jamais fonctionner ».

De fait, les adversaires de Nord Stream 2 sont nombreux depuis des années, États-Unis en tête. Le 7 février dernier, peu avant l’invasion russe en Ukraine, le président américain, Joe Biden, avait évoqué la possibilité d’y « mettre fin ».

Interrogé sur la méthode employée pour une infrastructure sous contrôle de son allié allemand, il avait répondu : « Je vous le promets, nous serons capables de le faire ». La vidéo circule abondement depuis 24 heures sur les réseaux sociaux.


Mardi, par ailleurs, la Pologne, la Norvège et le Danemark ont inauguré un gazoduc stratégique qui permettra aux Polonais et Européens d’être moins dépendants des livraisons de Moscou. « L’époque de la domination russe dans le domaine du gaz prend fin », a déclaré le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, lors de son inauguration.

Deux certitudes à ce stade : d’abord, l’événement est lié à la guerre à l’Ukraine. « Le commandement maritime de l’Otan et les navires alliés envisagent et se préparent à des activités hybrides, incluant le sabotage d’infrastructures critiques, en marge de l’objectif principal de la défense collective », assure Julian Pawlak.

Ensuite, cela crée une instabilité supplémentaire sur l’économie européenne. « C’est un violent rappel de la vulnérabilité de notre infrastructure énergétique », estime Lion Hirth.

Lui privilégie la piste russe. « Si c’est vrai, c’est assez inquiétant. À tout le moins, cela signifie que la Russie (…) envoie le signal le plus clair possible qu’elle ne livrera plus de gaz dans un avenir proche ».

Quels qu’ils soient, ceux qui ont attaqué Nord Stream font aussi comprendre qu’ils pourraient frapper d’autres infrastructures énergétiques desservant une Europe assoiffée de gaz et de pétrole.

Avec AFP



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