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les savoureux petits contes de la présence animale dans la capitale

les savoureux petits contes de la présence animale dans la capitale


En décembre 1870, Paris est assiégé par l’armée prussienne et le peuple a faim. Trois mois plus tôt, la ville avait rameuté tout ce qu’elle pouvait de bétail depuis les régions environnantes : 30 000 bœufs et 180 000 moutons, qu’on parqua entre le bois de Boulogne et le Jardin des plantes. Les Parisiens n’en firent qu’une bouchée. Ils durent bientôt se rabattre sur les chevaux. Puis ce fut le tour des chiens et des rats. Le Vendeur de rats pendant le siège de Paris, peinture à l’huile de Narcisse Chaillou datée de 1871, en est un témoignage.

On peut en voir une reproduction dans l’exposition « Paris animal. Histoire et récits d’une ville vivante », au Pavillon de l’Arsenal. Coiffe de boucher sur la tête, couteau à la main, le garçon représenté se retrousse les manches avant d’achever la petite bête qui gît sur son étal de fortune, bricolé à partir d’une chaise au dossier de laquelle est accroché un drapeau français.

Juste à côté de cette peinture, comme un contrechamp, le menu d’un grand restaurant montre que, au même moment, les mieux lotis tiraient leur épingle du jeu en s’initiant aux saveurs exotiques du gigot d’antilope, du filet d’éléphant ou du phoque savant – bien qu’on leur proposât aussi du « consommé de tire-fiacre », du « boudin de dada », du « civet de lapin de gouttière » et du « rat à la crapaudine ».

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Victime collatérale de la fermeture des lieux de culture liée au Covid-19, l’exposition « Paris animal » a vu son ouverture maintes fois repoussée, mais la voilà bien ouverte, et c’est heureux. La relecture de l’histoire de Paris qu’elle propose, au prisme de la présence animale dans la ville, s’avère aussi instructive que fascinante.

C’est le sujet qui veut cela. L’exposition le dit bien, qui s’ouvre avec une série de statues et de bas-reliefs d’animaux datant de la période gallo-romaine (malheureusement représentés, comme si souvent au Pavillon de l’Arsenal, sous forme d’insipides fac-similés) et se clôture avec une installation de taupes géantes, créatures sorties de l’imaginaire baroque du metteur en scène Philippe Quesne : du cheval à l’ours, du chien au lion, du taureau au cerf et aux chimères de tout poil, l’animal a toujours nourri les fantasmes, la mythologie, la religion. Aux commissaires, les architectes Léa Mosconi et Henri Bony, il a inspiré une scénographie hypernarrative qui retient l’attention.

Enjeu de la biodiversité en ville

Les vingt siècles que parcourt l’exposition se voient condensés en quarante-quatre microrécits, tous associés à des sources documentaires d’époque, auxquels la présence animale donne la tonalité de savoureux petits contes – cruels, fantastiques ou poétiques, selon les cas. Les cartels sont succincts. La scénographie vise plus à stimuler la curiosité, à réveiller un désir d’animalité refoulé, qu’à accabler les visiteurs. Ceux-ci sont d’ailleurs invités à venir avec leur animal domestique, et à prolonger l’expérience par une série d’événements plus ou moins festifs programmés autour de l’exposition (promenades dans le Grand Paris, projection des Aristochats, dimanche 16 avril, ou concert des taupes géantes de Maulwürfe, de Philippe Quesne, le soir de la Nuit blanche, samedi 3 juin, en plus des traditionnelles visites guidées et des conférences-débats).

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