Les pénuries de médicaments bon marché sont toujours plus fréquentes. En ce moment, c’est par exemple l’anti-inflammatoire Algifor, et sa version pour enfant, qui manque dans les pharmacies. Il y a des alternatives, mais PharmaSuisse juge la situation inquiétante.
La faîtière PharmaSuisse constate ces pénuries, notamment dans les génériques, depuis plusieurs années et la tendance était déjà observée avant la pandémie. Mais pour des remèdes courants, comme l’Algifor Junior composé d’Ibuprofène, il est difficile d’obtenir des informations sur la disponibilité des produits. La Confédération publie en effet uniquement la liste des ruptures de stock des médicaments considérés comme vitaux.
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Une liste insuffisante selon PharmaSuisse, car elle ne contient par exemple pas la plupart des traitements contre l’épilepsie, ou la maladie de Parkinson. La faîtière demande d’étendre cette liste à tous les comprimés sur ordonnance et de préciser la raison de la pénurie, car il peut s’agir d’un simple retard dans les livraisons, comme c’est le cas pour l’Algifor.
Mais souvent la production a tout simplement cessé, car une fois la patente levée, les médicaments ne sont souvent plus assez rentables. PharmaSuisse mène actuellement des discussions avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour changer cette situation.
« Patients pris en otage »
Parmi les pistes de solutions, PharmaSuisse est favorable à une gestion des médicaments au niveau fédéral. La faîtière demande aussi de ne pas casser les prix. Son vice-président Enea Martinelli explique: « baisser les prix, (…) il faut le faire avec conscience. Il faut définir quelles molécules sont tellement importantes qu’on ne baisse pas les prix au minimum, mais qu’on trouve un chemin pour que la Suisse ne perde pas ces molécules ».
« On a perdu plusieurs molécules à cause du prix, parce que l’industrie peut dire: ‘fini, on part’. Et les patients sont pris en otage dans ces discussions. Ce n’est pas possible », développe encore Enea Martinelli, qui a créé à titre privé le site drugshortage.ch, qui indique toutes les annonces de médicaments sur ordonnance manquants. Une ressource qui est utilisée notamment par les pharmaciens cantonaux.
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Situation pénible en pharmacie
Pour les pharmaciens, la situation n’est pas dramatique tant qu’il y a des alternatives. Mais elle ajoute du travail supplémentaire, comme l’explique Fernand Jolissaint, propriétaire d’une officine à Bienne.
« On avait une liste, dans le temps, où il y avait une vingtaine d’articles qui manquaient. Aujourd’hui c’est une centaine. (…) Mais je ne crois pas qu’il y ait des cas particulièrement inquiétants, tant que ça ne s’amplifie pas », raconte le pharmacien.
« Dans le cas présent, chez nous, avec une centaine de produits qui manquent, pour mettre à jour une liste, on en a pour une demi-journée, voire une journée. Donc, tous les mois ça peut nous prendre une à deux journées de travail pour une personne », regrette-t-il.
Cette tâche est d’autant plus importante qu’il est « vital » d’avoir des informations concrètes à donner aux clients si un médicament est en rupture de stock, car ce sont « des produits sur ordonnance, souvent pris sur le long terme, et il faut quand même pouvoir assurer la continuité », conclut le pharmacien.
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Sujet radio: Célia Bertholet
Adaptation web: Julien Furrer