Imaginez voyager vers une destination inconnue, sans carte ni GPS, ou un scientifique sans données pour valider ses expériences.
Dans les deux cas, la volonté est là mais pas les moyens pour réussir : sans informations fiables et pertinentes, le voyageur comme le scientifique risquent d’échouer. Tautologique ? Pourtant, dans la lutte contre le dérèglement climatique, c’est le problème qui se pose aux entreprises pour établir leurs objectifs « net zéro » émissions de carbone. Cela doit changer.
Considérons une entreprise imaginaire qui chercherait à réduire considérablement ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Elle posséderait des participations dans un constructeur automobile, une marque de vêtements, une chaîne d’hôpitaux et une application de livraison de produits alimentaires, ainsi que dans de nombreuses autres entreprises.
Ses émissions totales incluraient celles de ses propres activités, comme le chauffage et la climatisation des bureaux, mais aussi les émissions de toutes les entreprises qu’elle posséderait et dans lesquelles elle investirait, y compris celles de leurs chaînes logistiques, et leur impact sur leurs clients et les citoyens.
Or actuellement, cette entreprise n’a aucun moyen standardisé de connaître ces émissions au-delà de celles issues de son activité directe.
Des engagements audacieux
Dans le monde entier, un nombre croissant d’entreprises et d’investisseurs ont pris des engagements audacieux pour réduire leurs émissions. Plus de cinq cents sociétés financières ont rejoint la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) et se sont engagées à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles pour l’ensemble de leurs portefeuilles. Seul hic : elles ne savent pas comment y parvenir car les informations et les données nécessaires pour les guider ne sont pas disponibles au niveau mondial. Elles le seront bientôt.
A la COP27 à Charm El-Cheikh (Egypte), le comité de pilotage sur les données climatiques, une initiative internationale lancée avec le gouvernement français en juin, publiera ses recommandations pour une nouvelle plate-forme qui rendra les émissions des entreprises accessibles publiquement pour la première fois. Ces données permettront aux entreprises d’établir leurs feuilles de route pour atteindre leurs objectifs « net zéro » et donneront au public les données nécessaires pour leur demander des comptes.
Nous en sommes convaincus : les données climatiques doivent être produites et utilisées comme un bien commun. En l’absence de données climatiques, les marchés financiers et la planification environnementale ne peuvent pas fonctionner correctement, car les risques de certains investissements et les bénéfices d’autres sont occultés.
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