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Les 138 marins engagés sur la Route du Rhum ont pris le départ de cette célèbre course transatlantique en solitaire reliant Saint-Malo à la Guadeloupe que les plus rapides devraient effectuer en six jours.
Rien ne s’opposait cette fois au départ de la Route du Rhum. Après un report historique en raison de la météo, c’est sous un grand soleil que les 138 marins se sont engagés mercredi 9 novembre sur la Route du Rhum, au large de Saint-Malo, à l’assaut de l’Atlantique pour une traversée en solitaire que les plus rapides devraient effectuer en un temps record de six jours.
Au coup de canon à 14 h 15, les skippers –131 hommes et sept femmes – ont commencé à longer la côte bretonne toutes voiles dehors, avant de mettre le cap sur la Guadeloupe.
« Une bonne décision, sage et courageuse »
Grande première dans l’histoire de la célèbre course quadriennale, le départ, prévu initialement dimanche, a été reporté à cause de conditions météorologiques désastreuses.
« C’était une bonne décision, sage et courageuse, de la part des organisateurs, a estimé François Gabart (SVR Lazartigue), mercredi matin à l’antenne de Radio Classique. Nous allons partir dans des conditions beaucoup plus raisonnables que si nous étions partis dimanche. Il y aura de la casse forcément, mais je suis sûr qu’on a évité ainsi une grosse catastrophe. »
Malgré le report, des milliers de personnes étaient massées à la mi-journée sur les rochers de grès rose du Cap Fréhel (Côtes d’Armor), pour assister à l’un des plus grands spectacles de la course au large.
Si la météo va être clémente durant les premières heures de course, « il ne faut pas croire que ça va être tranquille », selon la navigatrice britannique Samantha Davies (Initiatives-Cœur). « Il y aura toujours 138 bateaux à tirer des bords et à se croiser le long des côtes, avec aussi des pêcheurs, des casiers… Il faudra faire bien attention », prévenait-elle avant le coup de canon.
D’autant plus que, sur l’eau, tous les voiliers ne partaient pas égaux. La flotte, mélange de professionnels et d’amateurs, est composée de six catégories de bateaux: des petits monocoques ayant participé à la première édition, aux multicoques volant de dernière génération.
« Amoureux de mon bateau »
Ce sont ces derniers, les Ultim, des trimarans géants atteignant plus de 90 km/h sur l’eau, qui se sont échappés les premiers vers le large. Barrés par les meilleurs skippers de la planète, ces géants des mers peuvent espérer effectuer la traversée en six jours, quand les voiliers les plus lents mettront près d’un mois pour arriver à Pointe-à-Pitre.
Parmi les favoris, François Gabart, 39 ans, revient à la course en solitaire à bord d’un Ultim controversé mis à l’eau l’année dernière, qu’il a conçu entièrement.
« J’ai envie de gagner, je me sens capable de gagner (…). Mais naviguer à bord de ce bateau n’est pas une pression supplémentaire, c’est une source de motivation. J’en suis un peu amoureux de mon bateau et j’ai très envie qu’il vive une belle Route du Rhum », a expliqué le deuxième de la précédente édition, à sept petites minutes de Francis Joyon.
Deux autres bateaux de dernière génération, conçus pour décoller au-dessus de l’eau grâce à des foils, semblent à même de rivaliser : le Maxi Edmond de Rothschild, barré par Charles Caudrelier, et le Maxi Banque Populaire XI d’Armel Le Cléac’h.
Le record de Francis Joyon en ligne de mire
En 2018, baptême du feu de ces voiliers volants, la classe avait connu beaucoup de casse. Mais depuis, « on a beaucoup travaillé sur la sécurité, la fiabilité (…). On a tous progressé et on va plus vite », a promis Le Cléac’h, qui avait chaviré après deux jours de course lors de la dernière édition et été secouru par un bateau de pêche.
Après quatre ans de développement, ces F1 des mers peuvent prétendre établir un nouveau record de traversée, détenu depuis 2018 par le vétéran Francis Joyon (7 jours 14 heures 21 minutes), également au départ cette année avec son trimaran Idec Sport.
« Cela va être rapide pour aller jusqu’en Guadeloupe, le sprint sur l’Atlantique annoncé devrait être au rendez-vous », a prédit Le Cléac’h.
Derrière les Ultim, 38 voiliers de la flotte d’Imoca, les monocoques (18 m) du Vendée Globe, le célèbre tour du monde en solitaire, affichent de belles ambitions. Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut), à bord des bateaux les plus éprouvés, peuvent espérer traverser l’Atlantique en 10 ou 11 jours.
Avec AFP