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Le Pentagone investit dans nos mines pour contrer les Chinois

Le Pentagone investit dans nos mines pour contrer les Chinois


Pour empêcher que la Chine prenne le contrôle de l’ensemble de la filière de la batterie électrique, le Département de la Défense américain s’apprête à financer à coup de millions de dollars des minières au Canada. 

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Quelque 20 sociétés minières liées à des projets miniers canadiens ont déjà eu des pourparlers avec le gouvernement américain au cours des dernières semaines pour obtenir du financement, rapportait récemment le Globe and Mail

« On parle de montants intéressants, 15 ou 20 millions. On a quelqu’un là-dessus et on va faire application, c’est sûr », dit Marc Jasmin, directeur, relations aux investisseurs chez Nouveau Monde Graphite, qui possède une usine de matériaux de batterie à Bécancour et une mine près de Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière. 

Chez Nemaska Lithium, on est aussi au fait de l’opportunité. 

« Nos décisions d’investissements vont être prises en 2023. Entre-temps, nous ne commentons pas l’actualité », nous a dit l’entreprise par téléphone. 

« Très positif »

Ring of Fire Metals, une jeune société du nord de l’Ontario qui souhaite produire du nickel de qualité batterie pour les voitures électriques, serait aussi en pourparlers avec les Américains, selon le Globe

« Pour nos entreprises juniors, c’est très positif. Tout le monde court après les investisseurs. Si tu n’as pas de financement, tu ne peux pas faire de travaux, et les juniors en exploration n’ont pas des milliards pour mettre en branle des travaux », explique Valérie Fillion, qui est directrice générale de l’Association de l’exploration minière du Québec (AEMQ). 

Dépendants de la Chine 

Les États-Unis veulent réduire leur dépendance envers la Chine pour les minéraux stratégiques, notamment ceux qui servent à la construction de batteries électriques, comme le graphite, le cobalt ou le lithium. C’est pourquoi le département américain de la Défense est prêt à financer des études de faisabilité pour des sociétés minières à travers l’Amérique du Nord, dans le cadre de la Loi américaine sur la production de défense.  

Les entreprises canadiennes ont aussi droit à l’argent des contribuables américains. La Maison-Blanche a récemment établi, en vertu d’une interprétation des ententes de coopération militaire, que les entreprises canadiennes sont aussi des sources « nationales », ce qui permet ainsi de les financer. 

Le département de la Défense aurait demandé à la Maison-Blanche de fournir jusqu’à un milliard de dollars américains pour cette initiative, selon le site E&E News, spécialisé en énergie et environnement aux États-Unis.

Québec ne commente pas

Contactée par Le Journal à plusieurs reprises, Ressources Québec (une filiale d’Investissement Québec), nous a répondu : 

« Investissement Québec n’accordera pas d’entrevue sur le sujet. La société d’État se garde de commenter publiquement les discussions qu’elle a – ou pourrait avoir – concernant d’éventuels projets d’investissement sur le territoire québécois ». 

Même silence au cabinet du ministre de l’Économie et de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui a refusé de commenter la nouvelle au Journal.  

Un combat pour le contrôle de l’approvisionnement

Le potentiel du Canada dans les métaux rares est convoité par les États-Unis et la Chine, qui se livrent un combat géopolitique pour l’accès à nos ressources stratégiques.

« La volonté politique de développer une chaîne d’approvisionnement nord-américaine est très forte, autant au Canada, au Québec qu’aux États-Unis », souligne Marc Jasmin, qui est directeur, relations aux investisseurs chez Nouveau Monde Graphite.

« Si vous n’avez pas de graphite, vous n’avez pas d’anodes. Et si vous n’avez pas d’anodes, vous n’avez pas de batteries. Et pas de batteries, pas de véhicules électriques. En ce moment, toutes les technologies d’anodes dépendent de graphite. »

Le graphite à 100 % chinois

« Mais 100 % de ce graphite, en ce moment, vient de la Chine. C’est une dépendance complète de l’Ouest envers ce pays. Il faut faire quelque chose, et ces programmes-là s’inscrivent dans cette logique. », ajoute M. Jasmin.

Ces dix dernières années, la Chine a investi dans 89 sociétés canadiennes liées au secteur minier, selon Bloomberg. 

Mais les investissements provenant de ce pays risquent de diminuer. 

Ottawa serre la vis

En effet, le gouvernement fédéral a décidé de serrer la vis aux sociétés d’État chinoises qui veulent mettre la main sur des entreprises liées au secteur des minerais critiques et stratégiques. 

Au début du mois de novembre, Ottawa a ordonné à trois entreprises chinoises de se départir de leurs investissements dans trois petites sociétés minières canadiennes de lithium, et ce, pour des raisons de « sécurité nationale ».

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