OTTAWA | Le ministre fédéral de la Diversité et de l’Inclusion savait qu’un consultant « antiraciste » qu’il avait embauché avait proféré des messages antisémites et francophobes, mais il a pris un mois pour s’en débarrasser publiquement.
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Passé au grill par l’opposition au comité permanent du Patrimoine aujourd’hui, le ministre Ahmed Hussen a finalement admis que c’est le 20 juillet qu’il a été mis en garde contre le consultant montréalais Laith Marouf et son organisation, le Centre communautaire d’appui aux médias (CCAM).
Des tweets antisémites et francophobes de l’homme avaient ressurgi, alors même qu’il bénéficiait d’un contrat fédéral de 133 000 $ pour préparer une série d’évènements au sujet du racisme.
Dans ces envois, signalés par le député libéral Anthony Housefather, Marouf traitait à répétition les francophones de « frogs », insultait leur intelligence, et qualifiait les Juifs de « sacs à merde » qui méritaient une balle dans la tête.
Un mois plus tard
Mais c’est seulement un mois plus tard, le 19 août, après que l’affaire eut fait scandale sur les réseaux sociaux, que le ministre Hussen est sorti publiquement pour annoncer que son département réévaluait le financement accordé à CCAM et à Marouf.
« C’était votre responsabilité d’agir dès que vous avez été mis au courant […]. Vous n’avez rien fait pendant un mois », a décrié la députée conservatrice Rachael Thomas.
Le ministre a répliqué qu’il n’avait pas été inactif, qu’il avait plutôt pris le temps d’étudier ses options légales pour retirer les fonds à CCAM et à Marouf avant de faire sa déclaration publique.
Mais pour le député bloquiste Martin Champoux, c’est plutôt l’odeur de la soupe chaude qui l’a poussé à l’action.
« Il a fallu que ça explose sur les réseaux sociaux pour qu’enfin il réagisse », a-t-il dénoncé, indiquant qu’à son avis, le ministère n’avait pas accordé à la situation le sérieux qu’elle méritait.
Le député québécois a ajouté qu’il a fallu quatre semaines supplémentaires avant que la francophobie soit prise en considération dans ce dossier.
« Ça a quand même pris jusqu’au 12 septembre avant que vous reconnaissiez aussi qu’il y avait des propos haineux envers les francophones dans les propos tenus par M. Marouf », s’est désolé M. Champoux, soulignant que dénoncer la francophobie n’empêchait en rien de se lever aussi contre l’antisémitisme.
Bien que CCAM et Marouf aient perdu leur contrat fédéral, ils bénéficieraient encore du financement du CRTC qui lui a versé plus de 500 000 $ depuis 2016, a révélé le quotidien Globe and Mail jeudi.
Les conservateurs veulent que le ministre responsable du CRTC, Pablo Rodriguez, s’en explique au comité permanent du Patrimoine.