Plus de 2300 développeurs de jeux vidéo ont été interrogés sur le métavers dans le cadre du rapport « State of the Game Industry 2023« , publié en amont de la prochaine édition de la Game Developers Conference de San Francisco (20-24 mars). Ils sont nombreux à être sceptiques vis-à-vis de ce concept, qui désigne de larges univers virtuels interconnectés où les internautes pourront accéder à une multitude de services par le biais d’avatars. Du moins, sur le papier. En effet, 45 % des développeurs interrogés estiment que le métavers ne tiendra jamais ses promesses. Ils étaient seulement 33 % à le penser en 2022.
Mais à quoi est due cette méfiance ? Premièrement à l’idée elle-même de métavers. Les grandes entreprises du numérique, les marques et les États ne s’accordent pas sur une définition unique de ce mot, apparu pour la première fois dans le roman « Le Samouraï virtuel » (« Snow Crash »), paru en 1992) de Neal Stephenson. Le métavers est un concept d’autant plus difficile à comprendre qu’il s’articule autour d’avancées technologiques encore en développement, comme le Web3, les NFT et la réalité virtuelle. Pas facile de s’y retrouver dans cette myriade de termes futuristes.
Tout reste encore à faire
Des limitations techniques viennent également entraver la démocratisation du métavers. Les casques de réalité virtuelle sont encore peu adoptés en raison de leurs prix élevés. Comptez 450 euros pour le Meta Quest 2 (anciennement connu comme Oculus Quest), et 639 euros pour le HTC Vive Pro 2. La facture peut monter vite si l’on ajoute des accessoires comme des manettes, des capteurs de position, un étui, une sangle ou encore une protection faciale.
Malgré cela, certains géants du numérique semblent plus avancés que d’autres dans l’élaboration de ce que certains décrivent comme la prochaine génération d’Internet. Epic Games en tête. 14 % des développeurs interrogés pensent que l’éditeur du jeu à succès « Fortnite » est le plus à même de faire basculer les internautes dans le métavers, suivi par Meta et Microsoft (7%). Dans cette optique, l’éditeur américain de jeux vidéo a récemment participé à une levée de fonds de 30 millions de dollars en faveur de Hadean. Cette start-up britannique a pour ambition de mettre « la puissance de traitement et de calcul de superordinateurs à la disposition de n’importe qui » – un point essentiel pour bâtir l’infrastructure nécessaire au métavers.
Mais tout reste encore à faire, selon un développeur anonyme cité dans le rapport « State of the Game Industry 2023 ». « Il faut que [le métavers] soit considéré comme une partie irremplaçable de la vie des gens. Il doit offrir une expérience vraiment unique que vous ne pouvez littéralement pas obtenir ailleurs— et pas seulement ‘cette chose que nous pouvons déjà faire, mais en VR' », a-t-il expliqué. Meta et les autres grandes entreprises du numérique s’y attèlent.