Mis en examen le 29 septembre pour « faux et usage de faux », « corruption », « recel et complicité de détournement de la finalité d’un fichier » à l’issue de soixante-douze heures de garde à vue à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane a présenté sa version de l’affaire d’espionnage dans laquelle il est mis en cause par la voix de son équipe de défense.
Dans une conférence de presse organisée, mercredi 5 octobre après-midi, à l’Hôtel Meurice, à Paris, les avocats Juan Branco, Luke Vidal et Nabil Boudi ont insisté sur le caractère de victime de leur client, qui aurait été détenu en 2020 au Qatar hors de tout cadre légal, torturé, puis assigné à résidence jusqu’à ce qu’il remette tous les supports en sa possession mettant en cause Nasser Al-Khelaïfi, un proche de l’émir du Qatar qui occupe, entre autres, les postes de président du Paris-Saint-Germain (PSG) et de patron du groupe BeIN Media.
Tayeb Benabderrahmane a été arrêté dans le cadre d’une enquête à tiroirs qui a débuté par la mise en examen pour « compromission du secret de la défense nationale » du journaliste d’investigation Alex Jordanov, auteur de Les Guerres de l’ombre de la DGSI (Nouveau Monde, 2019). Les perquisitions menées chez ce dernier ont mené à Malik N., un ex-policier de la DCRI, l’ancêtre de la DGSI, soupçonné d’être l’une de ses sources.
Malik N., reconverti dans la sécurité privée, est devenu, en 2018, référent supporteurs au PSG, où il a gagné la confiance de Nasser Al-Khelaïfi en gérant le dossier sensible des ultras. Il a quitté le club en septembre. Selon Le Parisien, des vidéos de la vie intime de M. Al-Khelaïfi et des enregistrements de ses conversations privées auraient été retrouvées, en octobre 2021, par les enquêteurs au domicile de Malik N.
« Pas la cinquième roue du carrosse »
Soupçonné d’avoir eu recours à d’anciennes connaissances dans la police pour enquêter sur des personnalités pour le compte de son patron, il a été mis en garde à vue en même temps que M. Benabderrahmane et un autre policier. « Mon client n’est même pas la cinquième roue du carrosse. Ce n’est même pas une roue du carrosse », affirme Eric Morain, l’avocat du policier en question, ancien collègue de Malik N. à la DCRI.
Les enquêteurs soupçonnent M. Benadbderrahmane de jouer un rôle de maître-chanteur, notamment à l’égard du président du PSG. Il se trouve, comme l’a révélé Libération, que le Franco-Algérien s’est installé au Qatar en 2019, où il travaillait pour un organisme paragouvernemental essentiellement dans un rôle de lobbyiste en faveur du petit émirat alors en proie au boycott de ses voisins saoudiens, émiratis et bahreïnis.
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