Que nous arrive-t-il, tous tant que nous sommes? N’est-ce pas le monde à l’envers? À moins de vivre en ermite au fond de la forêt québécoise ou de devenir sourd et muet pour éviter au quotidien les délires auxquels nous sommes exposés, personne n’est à l’abri de la folie collective actuelle.
Le Canada postnational est dirigé par un premier ministre qui confond la réalité et la fiction et se laisse attirer par les marginalités les plus sensationnelles. Il croit à la pureté et à la bonté de l’être humain et s’autorise à faire des leçons de morale en déterminant dans quelle direction souffle le vent. Ce premier ministre a fini par faire exploser en quelque sorte l’unité nationale.
Justin Trudeau pave la voie pour Pierre Poilievre, le fringant, entêté et bagarreur-chef du Parti conservateur. Ce dernier doit jubiler devant la décision révolutionnaire de permettre aux membres masculins des forces armées de porter désormais une jupe, de se maquiller, faux cils y compris, et de se tatouer même le visage dans l’exercice de leur fonction.
Caricatural
Cette décision ahurissante concernant nos soldats, et, qui sait, de leur accorder la permission de mettre une rose au bout de leur fusil, relève-t-elle du général en chef des Forces armées canadiennes? On peut en douter. Est-ce à l’initiative de la ministre de la Défense elle-même, Anita Anand, qui a dirigé précédemment le ministère des Services et Approvisionnements du Canada? Ex-professeure de droit, rien dans son CV ne la préparait à pareille décision.
Faut-il en conclure que ce virage est le fait du premier ministre Trudeau, le plus «libéré» et le plus inclusif de son cabinet en matière de révolution sexuelle? On peut se poser la question. Chose certaine, cette annonce pave la voie à sa volonté de faire du Canada le pays le plus inclusif de la planète.
Combien de soldats bénéficieront de ces nouvelles directives? Qui osera, sachant qu’il sera marginalisé, voire discriminé par ses camarades? Et comment va réagir l’opinion publique? Certains doivent certainement croire à un poisson d’avril. Or, ce n’est pas le cas.
Victimes
Un autre dérapage moins loufoque, plus sérieux, s’est produit autour de la mise à mort sociale de l’humoriste Julien Lacroix par des femmes qui l’ont fréquenté. À l’évidence, nombre de militantes féministes de la génération des trentenaires semblent avoir adopté le slogan « Je suis victime, donc je suis », encouragées en cela par des idéologues dont le discours théorique tient lieu de réalité et de vérité. Or, les relations hommes-femmes ne sont pas à classer que sur le modèle de la méfiance, du rapport de force, du mépris et de la peur.
Que s’est-il passé au Québec pour qu’un féminisme radical s’exprime maintenant avec ressentiment, désir de vengeance, et face aux hommes nombreux qui ont su évoluer sous l’influence de leur mère, leurs sœurs et leurs amies?
L’homme québécois, tel qu’on le représente à travers les œuvres cinématographiques et télévisuelles, mérite-t-il un tel traitement? L’homme québécois du XXIe siècle est sans conteste plus sensible et plus évolué que la majorité des hommes occidentaux, pour ne rien dire de ceux des pays où la femme est une esclave.
Le discours sur la victimisation des femmes dessert la cause des femmes. Oui, des salauds existent au Québec, mais pourquoi généraliser de la sorte sur les réseaux sociaux calamiteux?