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Le FMI s’alarme d’une chute des sources de financement de l’Afrique

Le FMI s’alarme d’une chute des sources de financement de l’Afrique



Le directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI), Abebe Aemro Selassie, a présenté aux journalistes les dernières perspectives macroéconomiques pour le sud du Sahara, vendredi 14 avril. Selon lui, la résilience de la région est mise à rude épreuve en raison d’un important resserrement des moyens de financements à disposition des États africains. Cette situation résulte de trois sources majeures qui se sont contractées ces dernières années : l’aide publique au développement, les prêts contractés auprès de la Chine et l’accès aux marchés financiers.

Selon le FMI, l’aide publique au développement a diminué d’environ 53,7 milliards de dollars en 2020 à 47,4 milliards de dollars (43,4 milliards d’euros) en 2021. De son côté, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a fait état d’une baisse de près de 8 % de l’aide publique à l’Afrique subsaharienne en 2022, à environ 30 milliards de dollars. Les prêts contractés auprès de la Chine, massifs au milieu des années 2010 et notamment fléchés vers les infrastructures, ont également diminué, passant de 9,1 milliards de dollars en 2019 à 2,8 milliards en 2021.

Enfin, depuis 2020, les marchés financiers sont devenus plus chers et plus difficiles d’accès, ce qui a conduit à des difficultés pour plusieurs pays, dont le Ghana, qui ont eu recours à ces marchés au début de la pandémie. Les États frontière, c’est-à-dire les pays pauvres ayant un marché financier établi, mais dont la capitalisation boursière et la liquidité restent faibles, représentent les deux tiers du produit intérieur brut régional. Parmi eux, le Kenya a tenté d’émettre un eurobond d’un milliard de dollars en juin 2022, avant d’abandonner en raison de coûts trop élevés.

Le manque de financements disponibles signifie moins de dépenses sociales, sur un continent dont au moins un tiers des habitants vit dans l’extrême pauvreté selon les critères de la Banque mondiale. « Beaucoup de pays font face à des décisions difficiles lorsqu’il s’agit d’investir dans des secteurs cruciaux comme la santé, l’éducation, les infrastructures. Cela ne va pas seulement les affecter maintenant, mais aussi dans les années à venir », a précisé M. Selassie.

L’inflation est également en augmentation en Afrique subsaharienne, atteignant environ 10 % en février 2023, soit plus du double par rapport au début de la pandémie. Cette augmentation des prix aggrave le manque de ressources pour les États et les ménages africains. La conséquence est une explosion de la pauvreté et de la faim à l’échelle régionale. En octobre 2022, le FMI avait estimé que 123 millions d’Africains faisaient face à une insécurité alimentaire sévère. Il en dénombre aujourd’hui 132 millions.

Dans ce contexte difficile, l’institution prévoit une croissance moyenne de 3,6 % cette année en Afrique subsaharienne, contre 3,9 % en 2022. Cette croissance est très disparate d’un pays à l’autre. Elle varie de 0,1 % pour l’Afrique du Sud, empêtrée dans des coupures massives d’électricité, jusqu’à 8,3 % pour le Sénégal, qui commence à exporter du gaz.

Le FMI encourage les gouvernements à consolider les finances publiques, adapter leur politique monétaire et contenir l’inflation galopante pour limiter les risques liés au resserrement des financements. Ces mesures aideront l’Afrique à développer son potentiel, qui est probablement le moins exploité au monde.

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