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« Le dirigeant politique peut-il choisir une voie différente de celle désignée par l’opinion commune ? »

« Le dirigeant politique peut-il choisir une voie différente de celle désignée par l’opinion commune ? »


L’ambitieuse réforme fiscale prônée par Liz Truss n’aura donc jamais vu le jour. Toutes les mesures présentées par l’éphémère première ministre britannique comme indispensables à la relève de l’économie anglaise ont été brutalement annulées avant même sa démission forcée [jeudi 20 octobre].

Son successeur, Rishi Sunak, a annoncé dès sa nomination [le 25 octobre] une hausse des impôts, un nouveau tour de vis sur l’immigration (malgré la pénurie de main-d’œuvre) et l’abandon unilatéral des accords passés avec l’Union européenne sur la frontière nord-irlandaise.

Autant de mesures qui ont paradoxalement recueilli la faveur des opérateurs financiers, puisque les taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat britannique ont immédiatement baissé et que le cours de la livre sterling est remonté. Cette situation soulève des questions embarrassantes.

Esprits animaux

La première d’entre elles, redoutable, est de savoir si les marchés sont libéraux. Comment une réforme fiscale censée libérer les énergies créatrices a-t-elle pu être accueillie si défavorablement par des institutions dont la clairvoyance est censée dépasser les capacités de jugement de n’importe quel expert ?

La Grande-Bretagne n’est pas confrontée à un choc de demande, mais d’offre, dont les caractéristiques ne sont pas sans rappeler celles des chocs pétroliers des années 1970 (hausse des coûts des matières premières et stagflation). Selon l’analyse de la célèbre courbe de Laffer, la baisse des impôts, par le mécanisme du multiplicateur fiscal, devrait générer à terme un supplément des recettes budgétaires grâce à l’augmentation de l’assiette des prélèvements permise par le rebond de l’économie.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Toute stratégie économique sérieuse doit reconnaître que des hausses d’impôts sont nécessaires »

Pourquoi les opérateurs financiers s’inquiètent-ils alors du « financement ex-ante » des dépenses ? Pour résoudre cette énigme, on pourrait changer son fusil d’épaule et considérer que les marchés, loin d’être omniscients, seraient gouvernés par ces esprits animaux dont l’économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946), le premier, a relevé l’importance dans la formation des représentations des acteurs.

Ils constitueraient une chambre d’enregistrement de l’opinion commune, contaminée elle-même par des croyances erronées qui s’autorenforceraient par des effets de mimétisme et de cascade dont les économistes expérimentaux ont identifié les rouages. Ce désir de conformité se cristalliserait alors par une mentalité statique, frileuse qui verrait ainsi dans toute nouvelle direction un risque potentiel qu’il convient d’écarter.

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