C’était l’un des événements artistico-commerciaux les plus attendus de la rentrée parisienne. Le salon Design Miami Paris devait se tenir en octobre en marge de Paris+, la nouvelle foire d’art contemporain succédant à la FIAC, au Grand Palais éphémère. Las ! L’édition inaugurale censée réunir la crème des marchands internationaux de design, soit quelque quarante-six exposants, vient d’être annulée. L’ancien préfet de Paris, Didier Lallement, a, en effet, refusé en juin la demande d’occupation de la place de la Concorde, où elle avait prévu de planter sa tente. Une décision confirmée le 29 juillet par son successeur, Laurent Nunez.
La Ville de Paris et la Rue de Valois s’étaient pourtant montrées favorables à un événement à forte retombée économique, qui promettait d’attirer dans la capitale célébrités, décorateurs et collectionneurs aux poches pleines. Techniquement, l’organisation d’un salon ne posait aucun problème, le site ayant déjà accueilli des événements aussi variés que Solidays, Who’s Next ou La Nuit blanche, ainsi que, depuis douze ans, le forum Paris pour l’emploi, dont la prochaine édition se déroule les 7 et 8 octobre. « Si les Jeux olympiques peuvent avoir lieu place de la Concorde, pourquoi un salon de design ne pourrait-il s’y tenir ? », s’étonne Michel Lefèvre, directeur général de Paris pour l’emploi, qui avait proposé à Design Miami de mutualiser son chapiteau.
Crainte de mouvements sociaux
Contactée, la préfecture se retranche laconiquement derrière des « problèmes de sécurité ». Pour les proches du dossier, la durée trop longue d’occupation de la place, qu’il aurait fallu sécuriser pendant plus d’une semaine, ainsi que la crainte de mouvements sociaux ont justifié l’interdiction préfectorale.
« Les autorités redoutent des manifestations du type “gilets jaunes” », croit savoir un familier du dossier, rappelant « la proximité de l’Elysée et de l’ambassade des Etats-Unis ». Les ultimes tractations menées à la fin de juillet pour faire fléchir Laurent Nunez, réputé plus diplomate que son sévère prédécesseur Didier Lallement, n’ont pas abouti. « La Ville de Paris reste attachée à ce que des événements dédiés à la création contemporaine puissent avoir lieu dans la capitale », assure néanmoins l’entourage d’Anne Hidalgo.