COMMENT LE CLIPPER CHIP A ÉCHOUÉ DANS SA TENTATIVE DE BLOQUER LE CRYPTAGE EST-ILLE UNE COMPLAISANCE POUR LES CRIMINELS ET LES TERRORISTES ?
1992, les hautes sphères du FBI sont confrontées à un nouveau problème de taille : le développement par AT&T (American Telephone and Telegraph Company), d’un appareil destiné à permettre à des professionnels de Crypter les transmissions téléphoniques. Pour le gouvernement, le téléphone TSD-3600 posait un risque majeur en permettant à des organisations criminelles ou terroristes de dissimuler leurs activités derrière un cryptage de la communication difficilement détectable. En réponse à cette nouvelle menace, l’administration Clinton a présenté en avril 1993, le Clipper Chip, dispositif cryptographique destiné à être intégré dans les appareils de communication en vue de fournir un accès aux forces de l’ordre et aux agences de sécurité nationale pour déchiffrer les communications classées comme sensibles.
FACILITER LE CHIFFREMENT, TOUT EN ASSURANT L’ACCÈS DES AUTORITÉS À CERTAINES COMMUNICATIONS
L’idée derrière le Clipper Chip était simple : pucer les appareils de communication avec un microchip intégrant une porte dérobée cryptographique élaborée par l’Agence de Sécurité Nationale [NSA]. Une clé de chiffrement est ainsi générée pour chaque dispositif intégrant cette technologie, avec une copie détenue par le gouvernement pour être utilisée en cas d’investigation. Cette solution devait permettre aux entreprises d’offrir davantage de sécurité à leurs communications tout en offrant un accès aux forces de l’ordre et aux agences de sécurité pour un accès ciblé aux renseignements, en particulier pour faire obstacle aux activités illégales.
LE SUCCÈS A ÉTÉ ÉPHÉMÈRE
Le gouvernement américain, confiant, a envisagé la prise en charge du Clipper Chip de façon obligatoire, même s’il n’était pas encore contraignant. Il y avait cependant un hic : le coût élevé et le faible nombre d’entreprises utilisant cette technologie innovante. Les préoccupations ont commencé à émerger au sujet de la confidentialité et de la sécurité des informations concernant les consommateurs. Les défenseurs des libertés civiles ont vite fait valoir que cette technologie ne nécessitait pas seulement qu’on ait confiance dans le gouvernement pour utiliser une clé de décryptage « de backdoor », mais également dans toutes les entreprises impliquées dans l’utilisation du Clipper Chip. Ainsi, lorsque les rumeurs ont commencé à se répandre au sujet de l’existence de la porte dérobée dans le clipper, de nombreux experts en cryptologie et les défenseurs de la vie privée ont fait pression sur les entreprises pour qu’elles n’utilisent pas cet outil.
DE L’ÉCHEC EST NÉ LE CRYPTO WAR
Les gouvernements, les défenseurs des libertés civiles et les entreprises ont tous eu un mot à dire lorsqu’il s’est agi de décider si la cryptographie devait être réglementée ou libre. Les libertés civiles ont souvent été laissées en jachère, laissant la cryptographie dans un espace incertain et parfois dangereux. De plus, le développement de nouvelles technologies de chiffrement et des protocoles de sécurité a donné lieu à une autre série de débats qui se sont manifestés dans les années de la décennie 1990, les récentes violations de données et les cyberattaques faisant surface depuis lors ont amplifié ces débats.
Le débat sur la réglementation de la cryptographie est un problème qui n’est pas encore résolu aujourd’hui. Pourtant, au lieu de réglementer, les gouvernements à travers le monde cherchent à mettre en place des systèmes qui peuvent détecter et bloquer les communications suspectes. Les développements en matière de cryptographie se poursuivent également de façon intensive, avec la création de nouveaux protocoles et technologies de chiffrement qui permettent une utilisation sans problème et efficace de la technologie.