Kineden, négociant de cacao du premier producteur mondial, a levé sur les marchés financiers internationaux 40 millions d’euros pour investir dans un « cacao durable », exigence notamment de l’Union européenne (UE), a annoncé son directeur général le 4 novembre.
« Kineden va investir sur trois ans 40 millions d’euros » pour améliorer la chaîne de transformation et « se préparer à intégrer les meilleures pratiques en matière de durabilité, de certification, de traçabilité du cacao », a déclaré à la presse à Abidjan Stéphane Apoque, directeur général de Kineden Commodities.
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Bras de fer entre l’Opep du cacao et multinationales
« Un cacao durable est un cacao qui rémunère mieux le paysan, et Kineden, étant un acteur local proche des paysans », va être à même de le faire, a-t-il encore assuré.
Ce financement intervient alors que la tension est montée d’un cran entre, d’un côté, la Côte d’Ivoire et le Ghana, représentant environ 60 % de la production mondiale de cacao, et, d’autre part, les géants du chocolat.
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Les deux pays exigent l’application d’un nouveau mécanisme de fixation des prix visant à améliorer les revenus des producteurs de cacao, tandis que les chocolatiers veulent s’approvisionner en « cacao durable », « sans déforestation ou travail d’enfants ».
100 milliards de dollars par an
Le cacao de Côte d’Ivoire, qui représente 45 % de la production mondiale, compte pour 14 % du PIB national et nourrit 24 % de la population de ce pays d’environ 27 millions d’habitants. La Côte d’Ivoire et le Ghana ont instauré en 2021 un « Différentiel de revenu décent » (DRD), une prime de 400 dollars par tonne (en sus du prix du marché) destinée à mieux rémunérer les planteurs (qui sont des millions à vivre dans la misère en Afrique de l’Ouest) et à « assurer une durabilité à l’économie cacaoyère ».
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Les planteurs sont les parents pauvres du secteur: ils ne perçoivent que 6 % des 100 milliards de dollars annuels que génère le marché mondial du cacao et du chocolat, verrouillé par les grands industriels.
En Côte d’Ivoire, plus de la moitié des planteurs vivent sous le seuil de pauvreté, selon une étude de la Banque mondiale. La situation est comparable au Ghana, où quelque 800 000 familles vivent du cacao.
(avec AFP)