Homicide dans un centre de détention au Mexique
Les autorités mexicaines ont ouvert une enquête pour homicide après la mort de 39 migrants dans l’incendie d’un centre de détention à Ciudad Juárez, sur la frontière des États-Unis. « Aucun des fonctionnaires ni aucun des policiers de sécurité privée n’ont réalisé la moindre action pour ouvrir la porte aux migrants qui se trouvaient à l’intérieur [d’une cellule, NDLR] alors qu’il y avait le feu », a déclaré la procureure spécialisée en matière de droits humains, Sara Irene Herrerías Guerra, lors d’une conférence de presse.
La vidéo accablante de 32 secondes montre le début de l’incendie dans la nuit du 29 mars. Derrière les barreaux, dans la fumée, un homme donne des coups de pied contre une porte fermée tandis qu’un autre semble déposer un matelas par terre. Au premier plan, trois agents se retirent en tournant le dos aux prisonniers enfermés derrière les barreaux, sans leur prêter assistance. Huit responsables présumés – trois agents de l’Institut national de Migration (INM) et cinq agents d’une entreprise de sécurité – sont déjà en train d’être entendus par le parquet.
La procureure a confirmé l’authenticité de la vidéo et a précisé que le dossier d’enquête avait été ouvert pour homicide, mais également pour « blessure » et « dommage à la propriété d’autrui ». Un migrant a également été « signalé » par d’autres migrants comme le responsable de l’incendie. Les autorités ont confirmé que l’incendie avait été provoqué par des migrants pour protester contre leur possible expulsion.
Cet incident a fait réagir les défenseurs des droits humains ainsi que les autorités de l’ONU. Amnesty International a exigé que le gouvernement prenne ses responsabilités. Les Nations unies ont plaidé pour des voies de migration plus sûres vers les États-Unis. Le pape François a prié pour ceux qui ont perdu la vie dans cette tragédie.
Le président mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, a promis qu’il n’y aurait pas d’impunité en demandant que ceux qui ont provoqué cette douloureuse tragédie soient punis conformément à la loi. Pas moins de 200 000 personnes tentent chaque mois de traverser la frontière entre le Mexique et les États-Unis, fuyant la pauvreté ou la violence dans leur pays d’origine. Depuis 2014, environ 7 661 migrants sont morts ou ont disparu sur la route vers les États-Unis, selon l’Organisation internationale des Migrations (OIM).