La pénurie de soignants vire-t-elle à la « catastrophe » dans les services d’urgences cet été comme certains le craignaient ? Ce n’est pas le cas, a assuré le ministre de la Santé. « Il n’y a pas de fermetures d’urgences », a déclaré François Braun , en déplacement au CHU de Nantes. « Il faut arrêter avec ce terme qui est tout le temps utilisé et qui fait peur », a estimé l’ex-médecin urgentiste, préférant évoquer un « accès régulé vers les services d’urgences ».
« Cette régulation n’apporte pas une dégradation des soins comme je peux l’entendre, mais au contraire une meilleure orientation des patients en fonction des besoins », s’est défendu le ministre. Auditionné mardi soir par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, François Braun avait dit vouloir « couper court à tout débat », assurant que « l’accès aux soins pour ceux qui en ont besoin est garanti » et rejetant le terme de « tri ».
« L’été le plus difficile jamais connu »
Le ministre ne cache pas pour autant les difficultés rencontrées par les urgences. « Je ne serai pas le ministre qui niera les réalités », a-t-il déclaré devant les députés, après avoir fait état des « fragilités de notre système » et des « tensions importantes notamment au plan de la démographie médicale ».
Neuf services d’urgences sur dix font actuellement face à un manque de personnel , alerte ce mercredi Samu-Urgences de France. Alors que la France entre en canicule , « le plus dur est à venir », prévient Louis Soulat, son porte-parole, qui anticipe une situation « très compliquée vers la mi-août ». « Le problème, c’est l’impact des fermetures de lits », explique le chef des urgences du CHU de Rennes, estimant leur taux à 25 %. « C’est deux fois plus que les autres années », compare-t-il, évoquant « l’été le plus difficile jamais connu » en trente ans de service.
« On s’est promis de ne pas toucher aux congés mais on n’est pas sûrs de tenir », regrette le praticien. Pour désengorger les urgences cet été, François Braun a rappelé à l’Assemblée les mesures issues de la « mission flash » qu’il a lui-même lancée avant son entrée au gouvernement. Première recommandation : la campagne nationale lancée le 25 juillet pour inciter les Français à appeler le 15 avant de passer aux urgences, afin de mieux les orienter.
Les #urgences sont réservées aux cas les plus graves.
📞 Avant de m’y rendre, si mon #médecin n’est pas joignable, j’appelle le 15.
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— Ministère des Solidarités et de la Santé (@Sante_Gouv) August 1, 2022
« Les études montrent que 30 à 40 % des patients se présentant aux urgences pourraient être pris en charge autrement : les trois quarts par la médecine de ville et un quart qui pourrait avoir des entrées directes dans les services », explique le ministre. Cette mesure fait cependant craindre une saturation des centres 15. « Certains ont du mal à faire face au flux d’appels », s’est inquiété Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France sur RTL mardi. Le nombre d’appels au 15 a bondi de 21 % en juillet par rapport à la même période de l’an dernier, a-t-il indiqué.
Un comité d’évaluation et de suivi
Autre levier avancé par le ministre pour répondre à la crise des urgences : une majoration de 15 euros pour tout acte effectué par un médecin libéral à la demande de la régulation du Samu ou du service d’accès aux soins (SAS), en dehors de sa patientèle. François Braun a par ailleurs défendu le doublement des majorations de nuit pour le personnel soignant et la revalorisation de 50 % des gardes pour les médecins, pour une durée de trois mois.
Ces mesures temporaires, censées permettre aux services d’urgences de surmonter l’été, sont en partie saluées par Louis Soulat. « C’est l’après » que redoute le chef des urgences du CHU de Rennes, qui craint de nouveaux départs en septembre. Afin de pérenniser les mesures issues de la mission flash au-delà de la période estivale, François Braun a annoncé la formation prochaine d’un « comité de suivi et d’évaluation de ce plan ».