Le directeur de la musique et de la création à Radio France, Michel Orier, a envoyé un courriel interne le 12 avril à propos des accusations d’agressions sexuelles et psychologiques portées contre Denis Dupays, ancien chef de chœur de la Maîtrise de Radio France de 1989 à 1998. Le directeur estime que ces accusations ont secoué l’ensemble de la maîtrise, qui s’occupe de jeunes gens. Les accusations ont été diffusées dans une émission de France 2 intitulée « Envoyé spécial » et dans un article du Parisien datant du 30 mars. Si aucun ancien élève de la maîtrise n’a encore porté plainte pour agression sexuelle ou viol, le témoignage de Nicole Simon-Lacroix, ancienne pianiste à Radio France dans les années 1990, est inquiétant car elle a estimé que Denis Dupays a été protégé à l’époque par le directeur de la musique de l’époque, Pascal Dumay. Nicole Simon-Laroche a également déclaré avoir remonté de nombreux cas de maltraitance envers les jeunes filles et de comportements et gestes déplacés envers les garçons, en vain.
Pascal Dumay a quitté Radio France en 2000, avant d’être condamné en 2010 à quatre mois de prison avec sursis pour téléchargement et diffusion d’images pédopornographiques lorsqu’il était directeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Face à ces accusations, la direction de la maîtrise a publié une lettre sur Facebook ainsi que dans un groupe privé d’anciens élèves pour rappeler que Radio France est à l’écoute des potentielles victimes et a créé une adresse électronique pour ces dernières, ainsi que des numéros d’associations spécialisées. Une ligne téléphonique d’écoute et d’accompagnement indépendante a également été établie si certains ressentent le besoin de discuter avec un psychologue. Un responsable de Radio France explique que la recherche d’un interlocuteur extérieur compétent pour recueillir les témoignages avec impartialité est en cours.
Cependant, pour certains anciens élèves de la maîtrise qui ont connu Denis Dupays dans les années 1990, cette réponse est insuffisante. Nicolas Simeha, un ancien élève de la maîtrise de l’époque estime que « la réponse nous paraît légère et mal cadrée par rapport à la gravité des faits suspectés », tout en étant étonné que Radio France ait « choisi Facebook pour recontacter les personnes concernées ». Selon lui, cette option n’est pas appropriée étant donné la gravité des accusations. Cependant, une telle option peut être compréhensible dans la mesure où l’entreprise souhaite réagir le plus rapidement possible à un sujet aussi sensible.
En fin de compte, l’affaire de la Maîtrise de Radio France rappelle l’importance de la prise en compte des témoignages et de la transparence dans la gestion de telles accusations. Les victimes potentielles doivent être entendues et prises au sérieux, et il appartient aux organisations de se positionner clairement pour prévenir ce type de violences.