Une torche dans la nuit, éclairant le désert, et guidant vers les entrailles d’une gigantesque tente bédouine. Un spectacle son et lumière magnifiant la culture du pays, et l’intégrant pleinement dans le monde. Et un match de football d’un niveau décevant, achevé devant moult sièges déserts. Dimanche 20 novembre, après douze ans d’attente et des mois de polémiques, le Qatar a officiellement ouvert la Coupe du monde qu’il organise. Novice dans la compétition, le pays s’est logiquement incliné face à l’Equateur (0-2).
C’est à Al-Khor, une cinquantaine de kilomètres au nord de Doha, que le Qatar a lancé en grande pompe « son » Mondial. Et multiplié les symboles, dans cette ville d’origine de la Cheikha Moza Bint Nasser, mère de l’actuel émir et ambassadrice de luxe de l’émirat sur la scène internationale – elle était aux côtés de son époux lors de l’attribution du Mondial au Qatar, en 2010.
Dans un stade inspiré d’une tente bédouine – et littéralement nommé Al-Bayt, la maison –, l’émirat gazier a mis l’accent sur son désir d’hospitalité. « Les gens viendront ici, au Qatar, depuis le monde entier, quelles que soient leur race, leur nationalité, leur religion ou leur orientation », a énoncé le Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, souhaitant « la bienvenue au monde dans la Doha de tous ». Couronnement de la stratégie de soft power de la famille régnante du petit Etat du Golfe, le lancement du Mondial devait être à la hauteur de ses ambitions.
Le récit du Qatar tel qu’il veut qu’on le voie
Et qui mieux que Morgan Freeman pour prêter son corps à cette grande opération séduction ? En 2010, l’acteur américain était la voix de la candidature des Etats-Unis pour obtenir la Coupe du monde 2022 – perdue face au Qatar. Dimanche, il a narré le Qatar tel que l’émirat veut qu’on le voie. Un pays où la culture globalisée – incarnée par la star mondiale de la K-Pop, Jung Kook, l’une des têtes du groupe BTS – s’imbrique avec la musique traditionnelle. Un pays dont le Mondial, si décrié soit-il, s’inscrit dans la continuité des précédents, force références à l’appui (des musiques et des mascottes). Un pays au cœur du jeu.
La tribune d’honneur a reflété la place désormais occupée par le Qatar, il n’y a pas si longtemps isolé, objet d’un blocus par ses voisins. Derrière l’émir, la présence du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, et des présidents égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, et turc, Recep Tayyip Erdogan, a illustré la volonté de Doha de faire de « sa » Coupe du monde celle du monde arabo-musulman. Un monde trop souvent à la marge des grands-messes sportives, malgré des millions de fans dévoués au football, qui déferlent à Doha.
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