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Après des années de doute, Caroline Garcia a retrouvé son tennis en cette année 2022. Elle défie en finale du Masters WTA la Biélorusse Aryna Sabalenka dans la nuit de lundi à mardi pour conclure en beauté cette année sur ce qui serait le titre le plus prestigieux de sa carrière.
La cuvée 2022 de Caroline Garcia est savoureuse. Motivée, déterminée et offensive, Caroline Garcia s’est offert lundi 7 novembre sa première finale du Masters WTA, en battant 6-3, 6-2 la Grecque Maria Sakkari,
Elle n’est que la troisième Française à atteindre ce stade de la prestigieuse épreuve, qui rassemble les meilleures tenniwomen d’une saison, et elle peut devenir la deuxième à ajouter son nom au palmarès, après Amélie Mauresmo, sacrée aux dépens de Mary Pierce en 2005, lors d’une finale 100 % tricolore d’un autre temps.
« C’est une étape supplémentaire, très importante dans ma carrière, je suis vraiment très fière », a dit en conférence de presse la Lyonnaise de 29 ans. Elle défiera dans la nuit de lundi à mardi (3 h, heure de Paris) la Biélorusse Aryna Sabalenka, tombeuse surprise de la numéro 1 mondial Iga Swiatek.
La renaissance de « Sweet Caroline »
L’été 2022 aura été celui du retour en grâce pour Caroline Garcia. Caroline Garcia, qui pointait au 79e rang mondial en mai, a entamé une remontée fantastique au classement WTA : elle pointe désormais à la 6e place. En chemin, elle a raflé la mise sur le gazon de Bad Homburg et la terre battue de Varsovie, où elle s’est offert au passage le scalp de la n°1 mondiale, la Polonaise Iga Swiatek.
Elle s’est ensuite adjugée le Masters 1000 de Cincinnati – le plus haut niveau en tennis en dehors des Grand Chelem. Elle ne s’était plus imposée dans cette catégorie depuis 2017. Pour la native de Saint-Germain-en-Laye, les doutes de ces dernières années semblent désormais derrière elle alors qu’approche l’US Open, où elle aura une carte à jouer, au vu de son état de forme.
Sa performance dans l’Ohio entre d’ailleurs dans l’histoire du tennis, puisqu’elle est la première joueuse à s’adjuger un WTA 1000 en étant issue des qualifications. Seule la Britannique Emma Raducanu a fait mieux l’an passé, en faisant le même type de parcours étourdissant, pour s’imposer à Flushing Meadows, un tournoi du Grand Chelem.
À l’US Open, elle avait décroché sa première demi-finale de Majeur mais s’inclina contre Ons Jabeur. Et par son jeu, le public américain est devenu fan de « Sweet Caroline », entonnant la vieille balade pour ses matches. Comme le prouve sa finale à Fort Worth, il faut croire que les États-Unis lui réussissent bien.
Une quinzaine merveilleuse en 2017 et la traversée du désert
Cet été merveilleux a été comme une bouffée d’air pour Caroline Garcia. La Française a connu plusieurs années compliquées après ce qui était jusqu’ici le pic de sa carrière : le mois d’octobre 2017 et la tournée chinoise marquée par onze victoires en quinze jours et deux titres d’affilée (Wuhan et Pékin) face à ce que le tennis féminin faisait de mieux alors : Kerber, Svitolina, Halep…
Si elle atteint peu après la quatrième place du classement WTA, s’ensuit une période d’errances et de doutes, auxquels s’ajoutent des problèmes physiques récurrents. Caroline Garcia se perd au niveau du jeu, hésitant entre se réinventer complètement ou capitaliser sur son style ultra-agressif.
« Je me sens beaucoup mieux physiquement, en meilleure santé. C’est déjà un grand pas. Nous avons clairement défini la façon dont je dois jouer, la direction que je dois prendre. Quand j’entre sur le court, je sais quel style de jeu je dois pratiquer », a-t-elle expliqué durant l’été.
Garcia employait alors le « nous » à escient. Car son retour à son meilleur niveau s’effectue depuis fin 2021 sous l’égide d’un nouvel entraîneur Bertrand Perret, qui a succédé à son père Louis-Paul. Et l’ancien coach d’Ons Jabeur lui a fait comprendre que son style de jeu, agressif, tranchant, fait de prises de risques en prenant la balle très tôt, était en fait… le bon. C’est ce jeu qui l’avait fait se hisser à la 4e place mondiale en 2018, un an après deux premiers sacres en WTA 1000, à Wuhan et Pékin.
Une décompression et une nouvelle marche en avant
Le coup de foudre professionnelle s’est cependant achevée en eau de boudin. Juste avant le Masters, Bertrand Perret a subitement décidé de mettre un terme à leur collaboration pourtant fructueuse, invoquant des problèmes survenus au cours des récentes semaines. Des semaines agitées durant lesquelles Caroline Garcia a enchaîné les déconvenues, victime probablement d’une décompression après son bel été.
Sans lui désormais, donc, mais toujours avec ses parents pour l’entourer et l’aide ponctuelle du coach argentin Juan Pablo Guzman, qui avait déjà travaillé avec elle l’an passé, elle a néanmoins su retrouver de l’allant au meilleur moment. En plein cœur d’un rodéo d’émotions fortes au cœur du Texas, elle peut, au prix d’un ultime effort, terminer son envol sur un bout de paradis.