La région de Santa Cruz, capitale économique de la Bolivie et fief de l’opposition, a suspendu, samedi 26 novembre, les manifestations, parfois violentes, qu’elle menait depuis 36 jours contre le gouvernement.
Auparavant dans la même journée, la Chambre des députés avait adopté le projet de loi du gouvernement prévoyant de garantir la tenue du recensement en mars 2024, une répartition des ressources économiques et la réaffectation des sièges avant les élections législatives et la présidentielle de 2025. La chambre basse a transmis le projet au Sénat.
« Aujourd’hui est un jour historique [car] la démocratie a gagné », a déclaré Romulo Calvo, leader du Comité civique départemental, un puissant conglomérat civil et patronal, qui exigeait la tenue anticipée d’un recensement, élément crucial en vue des élections.
Quatre morts et plus de 170 blessés
« Dès maintenant, nous faisons un quatrième entracte, nous levons la grève et les blocages, sans suspendre notre lutte », a-t-il ajouté. L’exécutif a néanmoins refusé, en invoquant des raisons techniques, la demande de Santa Cruz d’organiser le recensement en 2023, et l’a fixé à mars 2024.
Santa Cruz avait commencé ses manifestations le 22 octobre avec des blocages de rues, d’avenues et de routes interdépartementales pour exiger que le président de gauche Luis Arce effectue un recensement de la population d’ici 2023, car la distribution de fonds publics et l’attribution de sièges au Parlement dépendent de la population des régions. Or la région de Santa Cruz, située à l’est du pays et gouvernée par l’opposition de droite, estime être défavorisée par un recensement obsolète datant d’il y a plus de dix ans. Elle craignait que sa représentation ne soit pas actualisée à temps pour le scrutin de 2025.
Des violences ont émaillé ce mois de protestations, avec notamment des affrontements à coups de pierres, de bâtons et de pétards entre les opposants au pouvoir et ses partisans. Selon le gouvernement, ces débordements ont fait quatre morts et plus de 170 blessés.