De vieux habits déposés dans des bennes qui finissent sur des marchés ou dans des décharges à des milliers de kilomètres, un changement climatique imagé depuis votre année de naissance, des fouilles à nu de la police vaudoise illicites, des reportages au coeur de la ville libérée de Kherson, une lutte contre l’évasion fiscale encore à la traîne: tels sont les cinq choix de la semaine de RTSinfo.
ENQUÊTE – Nos vieux habits qui finissent au bout du monde
Grâce à des systèmes de géolocalisation cachés, Mise au Point a remonté la route des habits déposés dans les bennes de récupération. Les résultats sont édifiants : 250 jours après leur dépôt, des habits suisses parcourent parfois plus de 17’000 km pour être vendus dans des marchés en Moldavie ou en Afghanistan, alors que d’autres finissent dans des décharges à ciel ouvert.
L’objectif de l’enquête est de comprendre le destin des habits usagés, démodés ou déchirés que les Suisses jettent chaque année. La Croix-Rouge, Solidar, mais aussi des enseignes de mode comme H&M, C&A ou Zara mettent à disposition en Suisse des bennes de récolte. Ils ont une promesse: ces habits et ces souliers seront triés, recyclés pour protéger l’environnement.
Les résultats sont à des milliers de kilomètres de ces promesses.
>> Revoir l’enquête de Mise au point:
>> Lire également: Nos vieux habits font des milliers de kilomètres pour finir dans des décharges
DATA – Comment le climat s’est transformé depuis votre naissance
Nuits plus chaudes, hivers plus doux, glaciers à l’agonie… Découvrez à travers nos infographies personnalisées à quel point le climat s’est déréglé en Suisse et dans le monde.
Le réchauffement climatique s’est accéléré ces dernières décennies. Pour saisir l’ampleur de ce changement, la RTS vous propose un voyage à travers le temps. L’idée est simple: comparer la transformation de la planète entre votre naissance et aujourd’hui.
Comment le climat a changé depuis votre naissance [RTS]
>> Les infographies sont à retrouver ici: Comment le climat a changé depuis votre naissance
JUSTICE – Fouilles intégrales illicites de la police vaudoise
De nombreux zadistes ont subi des fouilles intimes lors de l’évacuation de la colline du Mormont. Certains ont saisi la justice et les tribunaux ont reconnu que la police avait violé le principe de proportionnalité, révèle le Pôle enquête de la RTS.
C’est notamment le cas de Sonja, qui soutenait le mouvement des zadistes et qui a dû subir une telle fouille. « Je leur ai dit que je ne voulais pas le faire, qu’elles n’avaient pas le droit, qu’il leur fallait un mandat », confie Sonja. « Elles m’ont répondu que c’était la procédure, que c’était obligatoire et que si je ne le faisais pas, on allait me forcer. Pour moi, il n’était pas possible d’imaginer qu’on me force à enlever ma culotte, mais aussi qu’on m’écarte les fesses de force. Alors je l’ai fait de moi-même. »
Dans les jours qui suivent cette fouille, Sonja écrit plusieurs courriers à Béatrice Métraux, alors conseillère d’Etat en charge de la Sécurité, à Jacques Antenen, alors commandant de la police cantonale, ainsi qu’au Ministère public vaudois. Tous ses interlocuteurs, sans exception, lui répondent par écrit que la fouille est justifiée.
Ces réponses ne convainquent aucunement Sonja. Persuadée d’avoir subi un acte illicite, elle décide de saisir la justice. Sa ténacité paie. Dans un arrêt du 14 mars 2022, la Chambre des recours pénale vaudoise reconnaît que la fouille à laquelle elle a été soumise était « disproportionnée ».
>> Le reportage du 19h30:
>> Lire aussi: La police vaudoise a procédé à des fouilles à nu illicites de zadistes
REPORTAGES – Au coeur de la ville libérée de Kherson
Libérée il y a une semaine, la ville de Kherson reprend vie, « comme si l’air était plus léger », confie un habitant interrogé par la RTS. Mais les conditions de vie sont précaires. Les gens se massent dans le centre pour accéder à l’aide humanitaire. Des files de plusieurs centaines de mètres se forment pour obtenir des cartons de nourriture ou des couvertures. Eau, électricité, essence, tout fait défaut. Les commerces et les cafés sont fermés.
Peu à peu, les langues se délient aussi. De nombreux témoignages font état de tortures multiples infligées à la population. Certains habitants parlent aussi des actes de résistance contre l’occupation russe ces derniers mois et de la répression qui a frappé leurs auteurs.
>> Le reportage de Tristan Dessert dans le 19h30:
>> Le reportage de Maurine Mercier à Kherson:
>> Lire également: « Certains torturaient pour le plaisir »: les habitants de Kherson relatent leur souffrance durant l’occupation
L’INTERVIEW – Peu d’avancées face à l’évasion fiscale
Ancien juge financier français, Renaud Van Ruymbeke décrit dans un livre paru récemment les mécanismes de l’évasion fiscale, pratique invisible qui prive les Etats de milliers de milliards de rentrées fiscales. Il était l’invité de La Matinale vendredi.
Si une évolution est en cours, et qu’on commence à sanctionner ces pratiques, les procédés n’ont dans les faits pas beaucoup changé, « malgré une volonté sincère de faire bouger les choses », décrit Renaud Van Ruymbeke, tirant un parallèle avec la lutte contre le réchauffement climatique. « Parce qu’on n’a pas touché au coeur du problème de l’argent qui échappe à l’impôt – et qui inclut aussi les trafics de drogue, les mafias, les oligarques, les grands dictateurs corrompus. Cela supposerait un vrai changement en profondeur. On a trop de secret bancaire, et les collectivités en souffrent. »
A 70 ans, affranchi d’affaires en cours quoique toujours soumis au secret professionnel, l’ancien juge a aujourd’hui les coudées franches pour se faire le passeur d’informations. « J’ai fait un constat pendant vingt ans, et je livre ce constat, pour participer à la prise de conscience des citoyens. Et le jour où ils en auront véritablement conscience, les politiques commenceront à bouger sérieusement. »
>> Revoir l’interview de Renaud Van Ruymbeke:
>> Lire aussi: Renaud Van Ruymbeke: Face à l’évasion fiscale, « les choses n’ont pas beaucoup changé »
RTSinfo