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Dans l’est de la RD Congo, les combats entre l’armée congolaise et le M23 ont poussé des milliers de Congolais à fuir en direction de Goma. Ils se réfugient dans des camp de déplacés où les conditions de vie sont de plus en plus difficiles.
Des milliers de personnes ont fui leur village ces dernières semaines dans l’est de la République démocratique du Congo, théâtre d’affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
Vendredi, une équipe de l’AFP a rencontré Samuel, Tuyisenge, Eric, Florence et d’autres, dans l’un de ces camps situé dans la localité de Kitshanga, dans le territoire de Masisi, où ils sont arrivés ces derniers jours. Tous ont fui les villages de Kishishe et de Bambo. Au moins 131 civils, dont 17 femmes et 12 enfants, y ont été exécutés arbitrairement par balle ou à l’arme blanche fin novembre, selon l’ONU, qui accuse la rébellion du M23.
Cette rébellion, majoritairement tutsi, s’est emparée ces derniers mois de vastes portions du territoire de Rutshuru, voisin du Masisi, au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma. Ces rebelles sont aussi accusés de viols, d’enlèvements et de pillages, commis sur la population civile en représailles d’une attaque de groupes armés essentiellement hutus.
« Ils ont commencé à tirer partout »
« Les rebelles du M23 ont commencé à tirer partout », raconte Samuel, un tout jeune homme, qui dit avoir vu de ses yeux six morts – trois membres de sa famille, dont son grand frère James, et trois autres habitants de Kishishe. « J’ai pris la décision de m’enfuir et j’ai mis une semaine pour arriver, à pied, à Kitshanga », déclare-t-il.
Tuyisenge, elle, est une mère de famille de 30 ans. « J’étais à l’église et j’ai pu m’échapper. Certains ont résisté et ont été tués. J’ai vu neuf morts », confie-t-elle, les larmes aux yeux. « J’ai sept enfants, mais je suis arrivée ici avec trois. Les quatre autres ont disparu et mon mari, je n’ai pas de nouvelles », ajoute-t-elle, entourée d’autres femmes, qui elles aussi veulent raconter la terreur qu’elles ont vécue. Elles n’ont rien, juste les habits qu’elles portaient quand elles se sont enfuies.
« Ces vagues de déplacements ont débuté en juillet. La plus importante a eu lieu en octobre », explique au micro de France 24 Alessandra Giudiceandrea, cheffe de mission de Médecins sans frontière en RD Congo. « Aujourd’hui, on estime que 300 000 déplacés vivent autour de Goma. »
Car certains vivent dans ces camps depuis des années, arrivés à l’époque d’une précédente offensive du M23. Le mouvement avait occupé Goma pendant une dizaine de jours fin 2012, avant d’être vaincu l’année suivante par l’armée congolaise appuyée par les Casques bleus de l’ONU.
Épidémie de choléra
Sur place, l’humanitaire s’inquiète de la surpopulation grandissante alors que le nombre de cas de choléra a fortement augmenté aux cours des dix derniers jours. « Nous avons ouvert des centres de traitement de la maladie qui sont déjà pleins », alerte-t-elle.
Le M23 a repris les armes en fin d’année dernière, reprochant au gouvernement de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Selon le gouvernement congolais, des experts de l’ONU ainsi que les diplomaties américaine et belge, le Rwanda soutient le M23. Kigali conteste, en accusant en retour Kinshasa de soutenir des rebelles hutus impliqués pour certains dans le génocide des Tutsis rwandais de 1994.
Avec AFP