Les villes, fer de lance du boycott de la Coupe du monde de football au Qatar ! A plus d’un mois du coup d’envoi de la compétition, organisée du 20 novembre au 18 décembre dans l’émirat, la liste des communes refusant de retransmettre publiquement les matchs ne cesse de se rallonger. Onze municipalités ont déjà acté l’absence d’écran géant et de fan-zone, qu’importe pour certaines le parcours de l’équipe de france : Paris, Strasbourg, Lille, Marseille, Bordeaux, Nancy, Reims, Rennes, Brest, Clermont-Ferrand et Rodez.
« Pour nous il n’a pas été question d’installer des zones de diffusion des matchs pour plusieurs raisons : la première, ce sont les conditions de l’organisation de cette Coupe du monde, tant sur l’aspect environnemental que social ; la seconde, c’est la temporalité, le fait que ça ait lieu au mois de décembre », a confirmé lundi à l’Agence France-Presse (AFP) l’adjoint chargé du sport à Paris, l’ancien international de rugby Pierre Rabadan.
Le même jour, Olivier Bianchi, le maire socialiste de Clermont-Ferrand, a assuré sur Twitter qu’il « n’[avait] jamais été question » qu’une quelconque fan-zone soit installée dans la préfecture du Puy-de-Dôme, où 40 000 personnes s’étaient massées place de Jaude, le 15 juillet 2018, pour la finale du dernier Mondial.
Il n’en a été jamais question. https://t.co/aVa8eMP8ZM
Les raisons avancées tiennent d’abord aux conditions sociales et environnementales d’organisation de l’évènement. Les constructions ou rénovations de huit stades en un temps record sur un territoire pas plus grand que la Gironde ont mobilisé des centaines de milliers de travailleurs étrangers, venus principalement d’Asie et victimes pour beaucoup de mauvais traitements.
Des dizaines de morts sur les chantiers
Si le bilan officiel n’est que de trois morts, l’Organisation internationale du travail (OIT) a fait état dans un rapport de cinquante travailleurs qui ont perdu la vie à la suite d’accidents du travail au Qatar en 2020 et de cinq cents blessés graves. Un chiffre sous-évalué en raison des lacunes dans le recensement des accidents. Une enquête publiée en février 2021 par le quotidien britannique The Guardian dénombrait près de 6 500 victimes des constructions (stades, routes, hôtels…), originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka.
L’écologie compte également parmi les autres griefs à l’appui du boycott – le summum étant l’installation de climatiseurs géants dans les enceintes érigées en plein désert.
Certains élus disent aussi anticiper le coût énergétique de l’installation dans l’espace public d’écrans géants, en plein hiver et au moment où les Français sont incités à réduire autant que possible leur consommation de gaz et d’électricité, pour limiter les risques de pénuries consécutifs à la guerre en Ukraine.
Initié en France par Strasbourg le 26 septembre, dans la foulée de décisions similaires prises par plusieurs grandes communes en Belgique, le mouvement de contestation pourrait continuer de faire boule de neige dans l’Hexagone.