Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a suscité une levée de boucliers de la gauche en menaçant de couper les subventions de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) au Sénat le 5 avril. Cette menace a été perçue comme une attaque supplémentaire d’une voix dissidente envers le ministre de l’Intérieur, la LDH ayant ouvertement contredit Darmanin après les violences lors des manifestations à Sainte-Soline. La gauche considère ses propos comme disqualifiants et mensongers depuis plusieurs semaines, tandis que Mathilde Larrère, historienne spécialiste de la citoyenneté et militante engagée, dénonce une « dérive autoritaire claire » qui « abîme la démocratie ».
Darmanin a évoqué la LDH en réponse à une intervention du sénateur Les Républicains François Bonhomme, qui appelait à « cesser de financer des associations qui mettent en cause gravement l’État ». Darmanin a critiqué les observateurs citoyens de la LDH documentant la maintien de l’ordre lors des manifestations, et a remis en question les subventions accordées par l’État et les collectivités locales. Des propos qui ont suscité une réponse cinglante du président de la LDH, Patrick Baudouin, qui estime qu’ils menacent « l’état de notre démocratie ».
Darmanin a également été critiqué pour avoir pratiqué les vérités alternatives, affirmant par exemple que les gendarmes présents à Sainte-Soline n’avaient « pas lancé de LBD en quad » sur les manifestants, alors que des vidéos ont montré le contraire. Le jour même, il avait également affirmé qu’aucune arme de guerre n’avait été utilisée par les forces de l’ordre à Sainte-Soline, une assertion de nouveau réfutée par Libération. La semaine précédente, Darmanin s’en était pris au droit de manifester, affirmant que participer à une manifestation non déclarée était un délit, une déclaration jugée fausse par le Conseil d’État.
Dans l’ensemble, les propos de Darmanin ont été largement considérés par ses opposants comme des tentatives de discréditer et de criminaliser les adversaires politiques et sociaux, ainsi que comme des signes alarmants de l’état de la démocratie.