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Dans le port italien de Piombino, le « Golar-Tundra », navire de la discorde

Dans le port italien de Piombino, le « Golar-Tundra », navire de la discorde



Le paysage portuaire de Piombino, vue depuis les hauteurs, raconte l’histoire d’un territoire industriel abandonné, une histoire façonnée par la sidérurgie italienne née dans les années 1860. La première image qui s’impose est celle de l’ancienne aciérie, dont l’énorme épave verticale domine le bord de mer. Le haut-fourneau, définitivement éteint en 2014, se détache également du paysage, faisant ressentir le poids de la désindustrialisation.

Pourtant, Piombino était un acteur majeur dans la production d’acier qui a alimenté l’Italie et les pays européens en rails pour les chemins de fer. Les premiers fours ont été installés sur le site même où les Etrusques exploitaient les gisements de l’île d’Elbe. Aujourd’hui, il ne reste de cette histoire qu’une friche industrielle délabrée.

Après la crise de la sidérurgie et les privatisations, Piombino a connu les incursions successives d’investisseurs russes, algériens et indiens, tous décevants. Dans ce contexte, Liberty Steel, le groupe industriel britannique de Sanjeev Gupta, a acquis l’un des derniers établissements industriels encore en activité sur le site depuis 2019.

Cependant, le paysage de Piombino est également le théâtre d’une histoire en train de s’écrire, celle de la réaffectation des routes globales de l’énergie. De l’autre côté de la baie, un navire de 300 mètres de long et de 40 mètres de large, le Golar-Tundra, une unité flottante de stockage et de regazéification, est arrivé du port de Singapour à Piombino.

L’arrivée du Golar-Tundra le 20 mars 2022 a suscité de vives réactions de la part de la population. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques liées à l’agression de la Russie contre l’Ukraine en 2022. Pourtant, l’Etat italien a fait le choix stratégique de réorienter la logistique des transports énergétiques vers des infrastructures stratégiques comme Piombino.

Le paysage portuaire de Piombino est donc le reflet d’une histoire industrielle en déclin, mais aussi d’une énergie en mouvement en quête de nouvelles routes. Alors que le navire Golar-Tundra est stationné au large de Piombino, le paysage se transforme sous les yeux de la population, renvoyant l’image d’un territoire en quête de renouveau.

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