Les projets-pilotes de péages urbains à Genève et Bienne (BE) franchissent une étape. Ils font partie des cinq dossiers retenus par le Département fédéral des transports (DETEC) pour réaliser des études de faisabilité. Tous tiennent compte des transports publics.
Ces études devront notamment déterminer les « conséquences concrètes de la tarification de la mobilité », a indiqué jeudi le DETEC. Elles devront évaluer l’efficacité des mesures prises, ainsi que leur coût et leur bénéfice. Les résultats sont attendus l’année prochaine.
Le projet genevois prévoit de percevoir une taxe à l’entrée et à la sortie du périmètre concerné (« péage de cordon »). Le tarif sera différencié en fonction de l’heure. Il devrait être de 2,50 francs aux heures de pointe et d’environ un franc aux heures creuses. Ce projet vise les voitures de tourisme et de livraison. Les véhicules plus lourds, déjà assujettis à la RPLP, en seront exemptés.
Une nouvelle manière d’envisager la mobilité
Le canton du bout du lac prévoit dans le même temps de mettre en place « une offre attrayante » pour les transports publics en période creuse, sur le modèle des billets dégriffés des CFF. Il espère ainsi résoudre les problèmes de congestion aux heures de pointe, en encourageant les déplacements en dehors de celles-ci.
Pour Isabelle Pasquier-Eichenberger, conseillère nationale Verte genevoise et membre de la commission des transports, interrogée vendredi dans le 19h30, les péages urbains sont une nouvelle manière d’envisager la mobilité.
« On est aujourd’hui dans une impasse avec la saturation des transports publics aux heures de pointe, les autoroutes sont bouchées (…). On a également des niveaux de pollution qui atteignent des pics insoutenables. Une des manière d’agir est de passer sur une gestion de l’offre et plus seulement sur la demande ». Les tarifs plus incitatifs permettront de réorienter la mobilité, estime la conseillère nationale.
>> L’interview d’Isabelle Pasquier-Eichenberger dans le 19h30:
« Socialement acceptable »
A Bienne également, le projet prévoit une redevance différenciée selon les heures de la journée et un tarif pour les transports publics plus avantageux aux heures creuses.
L’objectif est de désengorger le centre-ville, via des axes déjà existants: le trafic de transit devra le contourner plutôt que le traverser.
Le centre-ville devrait rester accessible gratuitement pour les véhicules qui se rendent directement dans un parking collectif, ce qui réduit le nombre de véhicules à la recherche de places de stationnement. « Grâce à cette idée, le projet est socialement acceptable », souligne la ville de Bienne dans un communiqué.
Les recettes devraient être redistribuées au profit de mesures en faveur des déplacements écoresponsables, ajoute la métropole horlogère.
>> Les précisions de La Matinale:
Un autre projet à Frauenfeld
Un troisième projet de péage urbain est prévu au centre-ville de Frauenfeld. Contrairement à Genève, le chef-lieu thurgovien prévoit de taxer aussi le trafic lourd, tout en mettant en garde contre un possible conflit avec la RPLP.
En outre, les CFF réaliseront une étude concernant plus spécifiquement la tarification de la mobilité dans les transports en commun. La cinquième étude de faisabilité portera sur des projets pilotes de tarification de la mobilité à participation facultative. Elle sera menée sous la houlette de la Confédération, en collaboration avec les cantons d’Argovie et de Zoug.
Les conclusions tirées de ces études de faisabilité, couplées aux résultats de la procédure de consultation, permettront au Conseil fédéral de décider de la suite des opérations, précise le DETEC.
ats/cab