Alors que tout semble aller pour le mieux chez Back Market, la deuxième pépite française à la plus grosse valorisation vient de se lancer dans un plan de départs. 13 % de ses effectifs sont concernés, soit 93 emplois. Déjà 26 salariés ont été conduits vers la porte. Ils travaillaient pour le géant du reconditionné depuis ses bureaux à New York (États-Unis), Barcelone (Espagne) et Berlin (Allemagne). 63 postes concernés sont des employés travaillant en France, pour qui un plan de départ volontaire vient de prendre effet.
Pour quelle raison Back Market taille dans ses coûts ? En un mot : “rentabilité”. Un porte-parole de l’entreprise a répondu à plusieurs médias au sujet du plan de licenciement. Il expliquait que le contexte économique avait entraîné l’entreprise à devoir avant tout privilégier sa rentabilité. Les dépenses de Back Market étant également dirigées vers le marketing et l’investissement à l’international, la seule solution pour être à l’équilibre était donc de se séparer d’une partie du personnel. En revanche, le porte-parole a bien précisé “s’approcher de la rentabilité” et non de passer dans le vert.
Les bons comptes font les bonnes IPO
On peut s’attendre à ce que le projet d’introduction en Bourse se rapproche de sa concrétisation. Selon des sources de Bloomberg, en août dernier, Back Market aurait eu des discussions informelles avec plusieurs banques en vue de rejoindre le marché des capitaux. Installée sur 17 marchés en tout, y compris les États unis depuis le début de l’année 2022 et le Japon, la startup française s’attend à ce que le reconditionné suive la tendance de l’occasion dans l’automobile. Aujourd’hui, seulement 10 % des produits électroniques sont vendus reconditionnés. Or, “sur le marché automobile, ce sont 70 % des véhicules qui sont vendus d’occasion”, expliquait en janvier 2022 un porte-parole.
Avec les taux d’intérêt très bas ces dernières années, le capital-risque a particulièrement privilégié les entreprises qui n’hésitaient pas à investir et annoncer des croissances folles, plutôt que celles (plus prudentes) qui visaient avant tout la rentabilité. Aujourd’hui, les temps changent. Les réflexes du passé reviennent et les investisseurs s’assagissent. Le Gouvernement, lui, a un nouveau plan pour faire entrer dix startups en Bourse “dès que possible”.
Croissance annuelle à 3 chiffres depuis 2014
Back Market a fait partie de ces entreprises qui ont multiplié les levées de fonds pour sans cesse avoir de l’argent frais, et qui n’ont jamais connue une croissance annuelle inférieure à trois chiffres depuis 2014. L’année dernière, elle confiait d’ailleurs à l’agence Buzzman (groupe Havas) son budget publicitaire, pour réfléchir et lancer des campagnes en France, aux États-Unis tout comme en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie.
En avril 2022, la startup française revendiquait 650 salariés, soit 65 de moins que les 715 qui figuraient dans ses listes jusqu’à ce début d’année. Selon ses chiffres, six millions de clients s’étaient tournés vers la plateforme plutôt que d’acheter du neuf chez les principales plateformes e-commerces ou en magasin. Avec l’inflation, on pourrait penser que Back Market trouverait une vague de nouveaux clients. Finalement, il semblerait que la baisse des achats dans les produits électroniques soit tout simplement généralisée, pour le neuf, l’occasion comme le reconditionné. La menace était aussi présente face aux nouvelles taxes sur le reconditionné (supprimées en France) et l’arrivée de nouvelles lois pour obliger les marques à proposer des solutions de réparation de leurs produits.