Les chocs déclenchés par la guerre en Ukraine vont finir par mettre l’économie européenne à l’arrêt. Les Vingt-Sept devraient officiellement entrer en récession cet hiver. Telle est la teneur de la prévision économique d’automne délivrée à Bruxelles, vendredi 11 novembre, par la Commission européenne. « L’économie est à un tournant après un premier semestre de l’année étonnamment solide, a rappelé Paolo Gentiloni, le commissaire à l’économie. Elle a cependant perdu de son élan au troisième trimestre, et des données récentes laissent présager une contraction cet hiver. »
Au quatrième trimestre, la « plupart des pays membres de l’UE » devraient connaître une baisse de leur PIB. Et ils devraient enchaîner sur un premier trimestre 2023 également négatif. Deux trimestres consécutifs de baisse qui correspondent à la définition technique d’une récession. Sur l’ensemble de l’année 2023, en revanche, l’exécutif communautaire envisage une progression, très modeste, du PIB européen, autour de 0,3 %. Dans les grands pays, l’an prochain, seule l’Allemagne devrait afficher une baisse de son activité de 0,6 %, alors que la France connaîtra une croissance de 0,4 %. En 2024, l’Europe projette une croissance de 1,6 % pour l’ensemble du continent.
Bruxelles relève tout de même que l’année 2022 a été bien plus solide qu’attendu. Sur l’année en cours, le taux de croissance devrait atteindre 3,3 %, contre 2,7 % encore envisagés il y a quelques mois. Le ralentissement de l’activité du troisième trimestre à 0,2 % (contre 0,7 % pour les deux premiers trimestres), s’explique largement par les effets de la guerre, notamment l’emballement de l’inflation.
L’effet guerre en Ukraine
Alors que la vigueur de la reprise économique en sortie de la pandémie de Covid avait alimenté l’inflation, sous le double effet des plans massifs de relance et de nombreuses perturbations des chaînes d’approvisionnement, la guerre en Ukraine a accéléré le phénomène de la hausse des prix. Pour 2022, l’inflation devrait s’établir à 9,3 %, après le pic d’octobre au-delà de 10 %. Selon M. Gentiloni, « l’an prochain, l’inflation devrait baisser modérément, autour de 7 % pour l’Europe, et 6,1 % pour la zone euro avant une réduction bien plus vigoureuse en 2024. » Bruxelles anticipe un niveau de 3 % (2,6 % en zone euro).
« Ces projections s’expliquent principalement par les prix de gros du gaz et de l’électricité nettement plus élevés qu’attendu à l’été, qui exercent une pression sur les prix de détail de l’énergie ainsi que sur la plupart des biens et services du panier de consommation », précise un communiqué de la Commission.
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