Des acteurs du milieu du basketball à Montréal déplorent le manque d’infrastructures dans la métropole, au moment où l’engouement pour ce sport est au plus haut.
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« Nous n’avons rien à envier aux États-Unis en termes de talent, assure Nathan Cayo, qui a porté les couleurs de l’Alliance de Montréal la saison dernière. Le soutien des partisans est incroyable ici. Tout ce qu’il nous manque, c’est de meilleures installations sportives. »
Montréal-Nord en est l’exemple criant ; l’arrondissement est un vivier de talents avec les Chris Boucher, Luguentz Dort et Bennedict Mathurin, qui évoluent dans la NBA, mais il n’y a toujours pas de centre sportif. Les amateurs doivent s’entraîner dans les gymnases des écoles après les heures de classe.
« Souvent, les pratiques commencent vers 19 h, ça limite l’accès au basket aux plus jeunes », explique le directeur du club de basketball Montréal-Nord, Wilmann Edouard.
« À Montréal, ç’a toujours été difficile de trouver une place pour pratiquer, explique Cayo. Quand je veux quelques shoots, je suis parfois obligé de traverser la ville pour trouver un gymnase disponible. J’ai de la chance de connaître des coachs d’universités qui peuvent m’ouvrir les portes de leurs salles, mais pour les jeunes amateurs, c’est tout de suite beaucoup plus compliqué. »
Engouement indéniable
« Si l’on manque d’infrastructures, c’est aussi parce qu’on a beaucoup plus de joueurs qu’avant », explique Nelson Ossé, un ancien entraîneur de Dort et de Mathurin.
« Lors de la victoire de Toronto en 2019, on voyait les jeunes célébrer dans la rue à Montréal, raconte l’ex-joueur professionnel devenu entraîneur à l’Université Concordia, Dwight Walton. Plusieurs joueurs de NBA sont originaires de Montréal, ça inspire les jeunes d’ici. Dans leur tête, le rêve est devenu possible. »
En 2020, Basketball Québec recensait 52 000 inscrits, contre 39 000 en 2014.
« Et ce chiffre ne prend en compte que les inscrits dans les clubs scolaires, en réalité, c’est bien plus large que ça ! » s’enthousiasme la vice-présidente des opérations de l’Alliance, Annie Larouche.
Pour sa première saison dans la Ligue élite canadienne de basketball, le club montréalais a dépassé toutes les attentes.
« Nous sommes l’équipe avec le plus grand nombre de billets vendus, se félicite-t-elle. En moyenne, nous avons eu 2900 partisans par match, sur une capacité de 3467. Il y avait une réelle attente d’avoir une équipe professionnelle de basketball à Montréal. »
Fonds réclamés
En septembre, la mairesse Valérie Plante assurait que Montréal était « vue comme une ville de basket ».
« Pour qu’on soit réellement perçu comme une place forte du basket, il faut injecter plus de fonds », assure Ossé.
Maintes fois repoussé, un projet de centre sportif à Montréal-Nord semble d’ailleurs au point mort.
« Le projet va nécessiter près de 100 millions $, assure la mairesse Christine Black. On souhaite tous que le centre voie le jour. Ce serait une formidable nouvelle pour inciter nos jeunes talents à se développer ici. Mais ça nous prend l’appui de la ville, du gouvernement et du fédéral. »
Former la relève
Pour professionnaliser durablement les athlètes, miser sur la formation pourrait être une solution.
« On a besoin d’attirer les meilleurs entraîneurs pour former au plus haut niveau nos jeunes, pense Hernst Laroche, joueur professionnel passé par l’Alliance. Les entraîneurs sont très bien payés en Ontario ou dans les universités américaines, beaucoup moins à Montréal. »
Pour Walton, la construction d’une « académie du basketball » comme en Ontario pourrait également être une piste à envisager.
« Une telle infrastructure permettrait de réunir tous nos jeunes talents dans un endroit bien identifié, pour mieux former la relève, explique l’entraîneur de Concordia. L’académie apprendrait à nos jeunes à bien s’entraîner, à bien se nourrir, et leur donnerait toutes les possibilités de se mettre dans les meilleures conditions en vue de devenir professionnels. »