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Au Nigeria, plus de 10 000 anciennes otages de Boko Haram victimes d’avortements forcés, selon Reuters

Au Nigeria, plus de 10 000 anciennes otages de Boko Haram victimes d’avortements forcés, selon Reuters


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Cette femme photographiée le 28 septembre 2020 a affirmé à Reuters avoir subi un avortement forcé de la part de l’armée nigériane.

« Depuis l’année 2013 au moins, l’armée nigériane conduit un programme d’avortement secret, systématique et illégal dans le nord-est du pays », affirme l’agence Reuters dans une longue enquête publiée mercredi 7 décembre. Selon les données récoltées par ses journalistes, au moins 10 000 anciennes otages de Boko Haram auraient subi des avortements forcés après avoir été secourues par les militaires nigérians.

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Ces femmes et ces filles avaient été capturées par les djihadistes lors de l’invasion de leurs villages, avant d’être mariées de force et violées par leurs geôliers. Après s’être enfuies ou avoir été libérées lors des « opérations de sauvetage » des militaires, celles qui étaient enceintes auraient presque systématiquement subi des avortements forcés, sous la supervision de l’armée nigériane.

Il s’agit d’« une opération à grande échelle, avec une logistique complexe, nécessitant une coordination minutieuse », selon l’enquête de Reuters, qui s’appuie sur de nombreux documents ainsi que sur les témoignages de membres des forces de sécurité impliqués dans le programme ou de personnels de santé ayant pratiqué des avortements.

Injections, pilules abortives et interventions chirurgicales

Trente-trois jeunes victimes ont livré leur récit à l’agence de presse, expliquant avoir reçu des injections ou avoir avalé des pilules abortives, sans qu’on leur explique de quoi il s’agissait exactement. La plupart ont compris la situation une fois qu’elles commençaient à se tordre de douleur et à perdre du sang.

« Dans certains cas, les femmes qui ont résisté ont été battues, contraintes sous la menace d’une arme ou droguées, détaille l’enquête. D’autres ont été attachées pour que des médicaments abortifs puissent être insérés à l’intérieur d’elles, ont déclaré un garde et un agent de santé. » Reuters évoque encore des cas d’avortements chirurgicaux « par aspiration, dilatation ou curetage ».

Ces avortements pratiqués dans des conditions sordides seraient responsables de la mort de plusieurs femmes

« Deux personnels de santé ont dit que certaines femmes avaient perdu tant de sang qu’elles ont eu besoin de transfusions », soulignent par ailleurs les auteurs de l’enquête. Ces avortements pratiqués dans des conditions sordides seraient responsables de la mort de plusieurs femmes. « Huit sources, dont quatre soldats, ont dit avoir été témoins de décès ou bien ils ont vu les cadavres de femmes mortes après un avortement pratiqué dans une caserne ou sur le terrain », indique Reuters.

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En outre, un grand nombre de femmes victimes de ce programme étaient en réalité de toutes jeunes filles, certaines à peine entrées dans l’adolescence. Une des victimes citées dans l’article avait 13 ans lorsqu’elle a reçu l’injection qui a mis un terme à sa grossesse.

Le haut commandement de l’armée dément fermement

L’un des personnels de santé cités dans l’article estime que ces mesures étaient nécessaires pour « sauver ces femmes de la stigmatisation et d’autres problèmes qu’elles pourraient avoir dans le futur » après avoir donné naissance à « un enfant de Boko Haram ». Quatre civils ayant pratiqué des avortements forcés ont assuré avoir agi pour le bien de ces femmes.

Contacté par Reuters, le haut commandement de l’armée nigériane a en revanche fermement démenti ces informations. Un communiqué de quatre pages publié vendredi 2 décembre par les forces de sécurité dénonce le « chantage » de journalistes « mercenaires ». « Cette fiction est une insulte aux Nigérians et à leur culture […] qui respecte la vie », accuse le texte.

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Les responsables de l’armée mettent en exergue leurs efforts pour prendre en charge les « sortants » de Boko Haram, de plus en plus nombreux à déposer les armes depuis la mort d’Abubakar Shekau, le chef historique du groupe terroriste, en mai 2021.

Les officiers nigérians ont également fait valoir qu’un programme de cette ampleur n’aurait jamais pu échapper à la surveillance des agences de l’ONU et des travailleurs humanitaires présents dans la région. Le responsable des affaires humanitaires de l’ONU au Nigeria a indiqué à Reuters qu’il « n’était pour l’instant pas en mesure de faire des commentaires sur cette affaire aussi importante que sensible ».

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